Après avoir réalisé dans "Django Unchained" une parodie du genre parodique qu’était le western Spaghetti, Quentin Tarantino reconnaît s’être surtout inspiré des séries Western télévisuelles des années 60 pour "Les Huit salopards". Très souvent, des épisodes de ces séries se déroulaient sous forme de huis-clos dans des lieux isolés, et, en reprenant ce schéma, Tarantino savait qu’il allait se faire plaisir. En effet, il est infiniment probable qu’il a dû jubiler d’avoir réuni, dans le huis-clos de la mercerie de Minnie, huit personnages aussi hauts en couleur et aussi différents l’un de l’autre et ce, dans la période sensible suivant de peu la guerre de sécession. Pensez donc : un général sudiste et un ancien soldat noir ayant combattu dans le camp opposé, un nouveau shérif qui, lui aussi, a combattu dans le camp des confédérés, deux chasseurs de primes aux méthodes différentes, un bourreau qui explique longuement la différence entre la justice légale et la justice de l’ouest, une prisonnière à la langue bien pendue (avant le reste!), etc. Avec une telle réunion, le champ était ouvert pour les joutes oratoires dont Tarantino a le secret et qui, le plus souvent, se terminent par des flingues qui remplacent brutalement les langues. Ouvert aussi pour des alliances, parfois improbables, qui se font et se défont. Au final, la deuxième incursion de Quentin Tarantino dans l’univers du Western est beaucoup plus réussie que la première. Même si on peut tiquer face à quelques scènes de violence trop appuyées, il est probable que la majorité des spectateurs arrivera à les digérer et que seront encore plus nombreux celles et ceux qui se régaleront à l’écoute des dialogues savoureux que nous distille le réalisateur tout au long du film. Quant à savoir s’ils se régaleront de la musique de Morricone, à eux de décider !

Corrio
7
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le 3 janv. 2016

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Corrio

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