Lorsque l'on prononce le mot Western, l'imagination collective pense directement aux contrées arides du Texas ou de l'Arizona. Mais il ne faut pas oublier qu'au nord de son territoire, l'Ouest sauvage comporte aussi des terres au climat glacial. Là-bas, la nature, recouverte de son majestueux manteau blanc, peut se révéler impitoyable et dangereuse. Avec ses montagnes et ses forêts sauvages s'étendant à perte de vue, elle crache son blizzard glaçant à la figure du pauvre quidam qui ne peut résister à un tel froid.


Il est donc clair que les faibles ne peuvent survivre dans un tel endroit oublié de la civilisation. Seuls les loups et autres prédateurs le peuvent. Seuls les salopards le peuvent. Et lorsque huit d'entre eux, surpris par une tempête de neige, décident de s'abriter dans la vieille mercerie de Minnie, on se doute que le sang va couler. En effet, entre des chasseurs de primes, des sudistes revanchards, des cow-boys louches et une prisonnière timbrée, l'ambiance ne peut être qu'explosive, surtout quand certaines personnes ont des intérêts privés à en voir d'autres mourir.


Du western, nous passons donc au huit-clos, plongeant l'intrigue dans une ambiance oppressante semblable à celle des Dix petits nègres d'Agatha Christie. Les premières heures passées dans le chalet sont cependant assez calmes, les héros tenant entre eux les dialogues verbeux si chers à Tarantino. Mais derrière chacune de ces paroles se cache une tension palpable. On sent qu'au milieu de chaque phrase, quelqu'un pourrait sortir son fusil et faire parler la poudre. On se jauge, on se provoque, on effectue les préliminaires avant le bain de sang. Et quand ce dernier arrive, c'est par litre entier, transformant la mercerie en anti-chambre de l'enfer.


Stylisé, violent, provocateur et tendu, Les Huit Salopards se révèle être un film viscéral qui prend littéralement aux tripes. Soutenu par la musique (sobre mais efficace) du légendaire Ennio Morricone, Tarantino livre une leçon de mise en scène en transposant le western dans un univers sombre et gore, parfois proche de l'horrifique. On pourra cependant reprocher au réalisateur de gâcher un peu la dernière demi-heure de son film avec un flash-back explicatif pas vraiment nécessaire et qui plombe la tension qui s'était installée jusque là. Ce malencontreux détail ne nous empêchera toutefois pas de savourer cet excellent film.

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le 8 janv. 2016

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Watchsky

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