Bon, après la déconvenue de Django unchained, je passe à l'autre western de QT que j'ai vu début janvier 2016 en salles, donc presque 1 an avant l'autre. L'effet de surprise a peut-être joué en sa faveur parce que si j'avais vu Django unchained avant, comme le voulait la logique, j'aurais sans doute été méfiant.
D'emblée, j'ai trouvé le rythme lent, très lent, avec une bonne dose de scènes et de dialogues qui ne servent à rien (la scène dans la diligence au début commençait à me gonfler), à tel point qu'on est en droit de se demander où ça va nous mener. Y'a rien à faire, Tarantino ne peut pas s'empêcher de retomber sans cesse dans les mêmes travers : une lenteur pénible par endroits, un film trop bavard, des scènes d'ultraviolence souvent gratuite... mais paradoxalement, tout ceci s'imbrique dans une sorte de package où l'on trouve aussi du bon.
Eh oui, étrangement, j'ai trouvé ce film beaucoup plus écrit que les autres, je l'ai perçu aussi comme une sorte de résumé global de son oeuvre, dans la mesure où le film condense le meilleur de ce qui a défini la griffe du réalisateur au cours de ces 2 dernières décennies : le goût pour le huis-clos à la Reservoir Dogs, les jeux narratifs de Pulp fiction, la violence crue de Django unchained ou de Kill Bill, et son goût des dialogues d'orfèvre truculents n'a jamais été aussi poussé depuis le mal aimé Jackie Brown. Car parmi tous ces dialogues, comme je l'ai dit, certains ne servent pas à grand chose et sont rasoirs, mais d'autres sont une vraie jubilation qui installent une atmosphère, et cette lenteur en fait, sert à faire monter la tension, on le sent progressivement, jusqu'à ce que ça atteigne une intensité fulgurante et que ça éclate en tapissant les murs d'hémoglobine.
les Huit salopards, c'est en réalité un gigantesque jeu de dupes un peu à la Agatha Christie (des gens réunis dans une bicoque, bloqués par le blizzard) mais à la sauce Sam Peckinpah en mode Horde sauvage, et c'est carrément sublimé par le jeu des acteurs, même si je déplore que certains personnages soient sous-utilisés, mais j'ai adoré les prestations de Tim Roth, de Jennifer Jason-Leigh (bluffante), de Kurt Russell et surtout de Samuel Jackson qui se livre à un formidable numéro dans la seconde partie du film, alors qu'il est au début sous une apparence faussement placide, c'est lui qui tient tout le film, je ne cesse d'admirer cet acteur.
Je note encore que ce Tarantino est moins référencé que ses autres films, à part que les amateurs de westerns ont dû remarquer que l'ambiance et le décor neigeux pouvaient rappeler une excellente série B, la Chevauchée des bannis où un petit groupe de bandits était aussi bloqué par la neige et où les tensions éclataient.
Voila donc un film un peu moins percutant que les autres de QT, très bavard et parfois saoulant (d'où encore une projection de près de 3h), avec de la violence excessive (même si ça ne me gêne pas), et avec une BO pourtant de Morricone, beaucoup moins présente, j'ai même trouvé la partition du Maestro très moyenne par rapport à ses oeuvres mythiques hollywoodiennes sur les Incorruptibles par exemple, ou bien sûr chez Sergio Leone, et même en France dans les polars de Verneuil... mais malgré tout ça, la vision recyclée du western façon Tarantino, servie par des acteurs charismatiques, m'a amplement satisfait.

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le 19 janv. 2017

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Ugly

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