Go home and get your f$cking Schoonmaker !

"The Godfather" traitait le sujet de la mafia italo-américaine sous forme de drame familial, avec une vue sur la tête d'un empire du crime. Le "Goodfellas" de Martin Scorsese choisit une approche presque inversée, s'attachant au bas de la chaîne, aux "cols bleus" qui travaillent pour la mafia sans en faire formellement partie.

En effet, le film raconte la vie de Henry Hill, gangster devenu informateur, qui fricota avec la mafia italienne entre 1955 et 1980. Sur cette fresque de près de 30 ans, "Goodfellas" évoque donc l'ascension et la chute de criminels new-yorkais. Mais aussi et surtout les diverses combines de cette organisation néfaste (larcins en toute impunité, corruption, règlements de compte violents pour des broutilles...).

Il serait vain de souligner toutes les grandes qualités du film, tant il en regorge. Etant fréquemment considéré comme l'un des meilleurs films de gangsters de tout les temps... voir l'un des meilleurs films tout court (!).

Néanmoins je dois mentionner les acteurs. Ray Liotta, dans le rôle de sa vie, en truand ambitieux, qui va grimper dans le milieu, pour mieux s'écraser. Il n'aura cependant aucun remord, juste de la nostalgie à évoquer le temps où il vivait comme un roi ! Un personnage diablement antipathique sur le papier. Mais la narration enflammée, le surréalisme des situations, et le jeu énergique de l'acteur nous scotche au siège.

Robert De Niro, glaçant en criminel en apparence chaleureux, mais en réalité calculateur à sang froid et implacable. Joe Pesci, ultra-flippant en boule de nerfs qui déchaîne un torrent d'insultes et/ou de coups dès qu'il se sent agressé. Et Lorraine Bracco en épouse qui soutient son gangster de mari jusqu'au bout ! Malgré ce beau rôle, l'actrice n'aura pas une grande carrière par la suite. Ceux-ci seront appuyés par tout un tas de "gueules" charismatiques en seconds rôles.

Tandis que la forme du film est extrêmement soignée, inventive, et ambitieuse. Techniques de caméra pertinentes, souvent inspirées d'ailleurs (plans séquences complexes au steadicam, effet vertigo, rupture du 4ème mur...), couleurs travaillées (comme dans "Taxi Driver", un rouge infernal accompagne parfois la violence), etc. Ce qui aboutit à bon nombres de séquences qui deviendront iconiques ou cultes, et seront reprises/référencés/copiés/parodiées dans les décennies qui suivront.

Il y a même l'audace d'avoir placé l'intrigue en quasi intégralité à New York... sans aucun plan large ou reconnaissable de la ville ! Une manière d'illustrer que ces criminels, qui se prennent pour des rois intrépides, sont en réalité des parasites de la société ?

Et bien sûr, impossible de ne pas évoquer l'hallucinant travail de Thelma Schoonmaker, monteuse de génie et sempiternelle collaboratrice de Martin Scorsese. Aidé d'un scénario affolant, riche en sous-intrigues et en personnages secondaires, elle injecte dans le film un rythme effréné et des scènes fortes de par son travail d'orfèvre.

Je terminerai par évoquer la BO riche à souhait, dont les (nombreuses) chansons évoluent avec l'époque, histoire de donner des repères au spectateur.

Bref, "Goodfellas", c'est du culte, du classique, et du grand cinéma !

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le 4 juin 2023

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Redzing

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