A voir malgré tout

Les deux premiers films du réalisateur égyptien Tarik Saleh nous avaient habitués à mieux, en particulier l’excellent « complot du Caire ». Comme c’est d’une trilogie, on reprend les mêmes ingrédients et on recommence avec un scénario solide, bien construit, qui a tout pour accrocher le spectateur et y parvient. Mais voilà, il y a un « mais ». Traiter de l’emprise des frères musulmans en Égypte oblige à faire dans la nuance tant l’entrisme frériste avance à petits pas et par petites touches. C’est là que le film trébuche. Le cinéma c’est l’art du raccourci et le sujet ne s’y prête pas tant c’est par de petites choses que cet entrisme politique étend son emprise sur l’Égypte. Les scènes qui montrent comment un complot se met en place intéresseront ceux qui connaissent le pays et ces infinies nuances de gris, mais les autres passeront à coté et c’est dommage. Heureusement pour le spectateur, les acteurs sont excellents. Fares Fares interprète un acteur célèbre, mais vieillissant qui glisse doucement dans la compromission avant d’être happé par un complot dans lequel il n’est qu’un accessoire. Amy Waked dans le rôle d’un homme de l’ombre est parfait. Les deux principaux rôles féminins n’ont malheureusement pas l’occasion de déployer leur talent. Au final, le film se regarde avec plaisir. On évite l’exotisme de pacotille et les clichés, mais la copie reste un cran en dessous des deux premiers opus. À voir quand même