La comédie romantique utilise, de temps en temps, le procédé du quiproquo comme fondement de son intrigue. Monsieur surprend Madame avec Untel, ceux-là n’ont rien à se reprocher, mais Monsieur se fait des idées. Untel va voir Unetelle qui comprend de travers, celle-là même amie de Madame va lui rapporter ce qu’elle a compris et enclenche une nouvelle mécanique de quiproquos, etc, etc. Tout cela se dénoue à la fin du film et on se demande si cela valait vraiment le coup de regarder un film où l’on se retrouve au même point 1h30 plus tard. Je dis ça, il y a aussi de très bons films qui suivent ce schéma, fort heureusement.
Bien que ce film n’utilise le quiproquo que comme une prémisse et développe par la suite une histoire à différentes facettes : chasse à l’homme, amour contrarié, drame social… ce qui a d’intéressant ici, c’est que le quiproquo sert une intrigue dramatique. Il est le déclencheur de cette histoire et l'on sait alors d’avance que l’issue sera tragique. Le quiproquo est donc ici fatal, irrémédiable. Je trouve que cela confère à l’ensemble, en plus de tout les sentiments que l’on peut éprouver devant ce film, une ironie sordide. Le destin est contre ces amoureux et rien ne peut aller dans leur sens. La seule chose qui les rattache encore à ce monde est l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre. Ils sont, par essence, des personnages condamnés au romanesque. Mais leur amour triomphe du destin. Et dans ce dernier moment, celui du châtiment, devant tout ceux qui voient en eux la disgrâce, la honte et qui se réjouissent ce qui leur arrive ; ils sont heureux, ils ont gagné.