Quiconque goûte les sombres joies du cinéma gothique européen ne peut rester insensible aux charmes de ces Amants d'Outre-Tombe. Tous les ingrédients nécessaires sont réunis pour embarquer le spectateur dans une longue rêverie morbide : demeure oppressante, passages secrets parcourus un chandelier à la main, sadisme exacerbé, violence des rapports humains, érotisme diffus...
Le tout magnifié par un noir & blanc et un éclairage parfaitement maîtrisés et, surtout, par une Barbara Steele dans un double (triple ?) rôle qui lui permet d'exprimer pleinement son talent. Sa beauté atypique et inquiétante habite le film, jusqu'à provoquer une réelle terreur dans sa dernière incarnation.
Son partenaire Paul Muller n'est pas en reste, et campe un arriviste sadique, tout en sourires mielleux. Véritable Tartuffe du crime, sa composition est savoureuse et offre un contraste bien dosé avec le caractère entier des personnages incarnés par Barbara Steele.
N'était-ce un léger trop plein dans le scénario (toute l'histoire autour du rajeunissement de la bonne est peut-être de trop), Mario Caiano livrerait là l'un des grands films du genre, dominé par le Masque du Démon. En l'état, Les Amants d'Outre-Tombe reste un film envoûtant, et, quoiqu'il en soit, indispensable aux fantasticophiles.