De plus, la vraie bonne idée du film (ceux qui font l'amour sans aimer meurent) est criminellement sous-exploitée: la fameuse parabole avec le SIDA est au final presque inexistante. Restent des qualités esthétiques appréciables et quelques envolées musicales (le passage sous Modern Love de Bowie) et lyriques (le final) marquantes.
L'échec cuisant de son film suivant ne pouvait que m'intimider:ayant acheté les deux films (Mauvais Sang et Les Amants...) ensemble, j'ai mis le deuxième disque sans grande conviction.
Oh bonheur ! Débarrassé de cette foutue "liberté de ton", Carax a pu trouver une liberté d'émotion. Une intrigue plus dépouillée (mais cette fois cohérente et compréhensible) et un jeu plus naturel Ouf ! Le visionnage d'un des plus grands échecs commerciaux (et l'une des plus grandes injustices) du cinéma français fut un soulagement et une excellente surprise. Bien qu'ayant apprécié "Holy Motors", le visionnage de "Mauvais Sang" avait un peu refroidi ma curiosité pour la filmographie de Carax.
Rendu soi-disant génial par sa "liberté de ton", "Mauvais Sang" était justement un peu trop "libre" dans sa narration. Personnellement, je l'ai trouvé totalement décousu, en plus d’être plombé par une influence godardienne trop appuyée (mention spéciale à Juliette Binoche, que j'apprécie d'habitude, donnant l'impression de prendre 10 cachets de Prozac entre chaque phrase).
des comédiens (dont Binoche très impressionnante, de même pour Lavant) ont facilité l'adhésion: les prouesses visuelles m'éblouissaient au lieu de me réveiller, et le destin de ces deux vagabonds m'angoissait au lieu de m'exaspérer.
Un film à voir et à revoir (et parfait pour redorer le blason du ciné d'auteur français auprès des déçus et des sceptiques) !!!


PS: A voir en double programme avec "37.2 le matin" de Beineix. Deux grandes histoires d'amour dont l'accueil fut radicalement différent.

filipe
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Ma collection DVD/Blu-Ray (et le drame pour réussir à ranger tout ça dans un 18 mètres carrés)

Créée

le 7 mars 2017

Critique lue 570 fois

4 j'aime

filipe

Écrit par

Critique lue 570 fois

4

D'autres avis sur Les Amants du Pont-Neuf

Les Amants du Pont-Neuf
eloch
10

Un ciel blanc, des nuages noirs et deux corps sur un pont...

S'il est des cinéastes qui divisent, Leos Carax en fait assurément partie. Premier paradoxe de ce film excessif : un budget pharaonique pour raconter la vie de deux sans-abris, écorchés vifs,...

le 10 sept. 2014

30 j'aime

9

Les Amants du Pont-Neuf
Velvetman
9

Les amants du Pont-Neuf

Cracheur de feu, vagabond sans domicile fixe, Alex vit, survit sur le bord d’un pont délaissé par des travaux en cours. Il occupe une petite parcelle du pont, Hans lui en occupe une autre. Il se...

le 10 juil. 2014

25 j'aime

Les Amants du Pont-Neuf
Sergent_Pepper
7

Les Grandes fulgurances

La poésie est un art de la densité : à la faveur d’une figure, d’une image, d’un jeu sonore, c’est l’échappée sur un ailleurs, sur une nouvelle voie d’expression. La mobilisation des sens, de...

le 5 juil. 2021

20 j'aime

Du même critique

Les Diables
filipe
9

The Devils burn !!!

Que dire de ce film ? Renié et quasiment caché par le studio l'ayant produit, disponible seulement dans une version lourdement censurée pendant des années, ce n'est que récemment que les spectateurs...

le 13 sept. 2015

7 j'aime

Les Amants du Pont-Neuf
filipe
8

Liberté d'émotion

De plus, la vraie bonne idée du film (ceux qui font l'amour sans aimer meurent) est criminellement sous-exploitée: la fameuse parabole avec le SIDA est au final presque inexistante. Restent des...

le 7 mars 2017

4 j'aime

Le Baiser de la femme-araignée
filipe
8

In Dreams

Bien que tourné en anglais, "Le Baiser de La Femme Araignée" avait contribué à populariser le cinéma brésilien à l'échelle internationale, presque 20 ans avant "La Cité de Dieu" et son succès...

le 10 août 2017

4 j'aime