Après le très remarqué J'ai tué ma mère, le jeune prodige Xavier Dolan revient avec Les amours imaginaires, sélectionné dans la section « Un certain regard » lors du Festival de Cannes 2010.

Xavier Dolan compose une variation sur l'amour non réciproque d'un garçon gay et de son amie au look 50's pour un bel éphèbe blond qui les vampirise. La concurrence qui s'établit entre les deux premiers fait éclater leur amitié et donne lieu à des piques bien senties. Dolan est donc doué pour les dialogues.
Mais c'est surtout par ses plans qu'il impressionne. Certes il emprunte certains éléments à Godard ou à Wong Kar-Wai (pour les costumes et les ralentis). Mais il faut les considérer comme des hommages (cf. la scène de la pluie de marshmallows en référence à Mysterious Skin d'Araki) et non comme des pillages. Dolan nous a déjà prouvé avec J'ai tué ma mère qu'il sait inventer son propre cinéma.
Dans Les amours imaginaires on ne sait pas grand chose sur les personnages en dehors de leurs péripéties amoureuses, ni sur l'endroit où l'on se trouve; et à vrai dire on s'en moque. Dolan se concentre seulement sur les sentiments amoureux. Dès lors, il s'attache à filmer ses personnages au plus près, pour mieux sonder leurs émotions. Celles-ci sont magnifiées grâce à des travellings au ralenti époustouflants de beauté, mariant l'esthétisme des images avec une BO toujours à propos (comme la reprise de Bang Bang par Dalida, étonnamment superbe). Dolan filme des tableaux vivants et bouleverse nos sens. Chez lui esthétisme très travaillé n'est pas synonyme de vacuité, bien au contraire. Le film est plein des espoirs et des doutes inhérents à la passion amoureuse, surtout lorsque celle-ci n'est qu'un fantasme. Ainsi les séquences (colorées) sur l'oreiller avec des amants de passage permettent aux personnages de dévoiler leur fragilité et la douleur d'un amour qui ne correspond pas à la réalité.
L'histoire du triangle amoureux est entrecoupé de séquences où des anonymes racontent leurs déboires sentimentaux. Ces passages sont parfois lassants sur la fin mais souvent drôles et pertinents. Ils s'accordent parfaitement avec l'entreprise de Dolan d'examiner la correspondance entre amour imaginaire et amour réel.
Lors de la scène finale, Xavier Dolan s'amuse et revient au point de départ avec Louis Garrel (qui jouera dans son prochain film) comme nouvel objet de désir. Par là, il témoigne de l'universalité et de la permanence de la recherche de l'amour, amour toujours fantasmé, puis égratigné par la réalité.
En somme, Les amours imaginaires bouleverse par sa beauté et sa sensibilité.
Irina
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le 4 oct. 2010

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