Le cinéma belge aime transformer les paysages. La "morne plaine", les forêts sombres ou les zones péri-urbaines deviennent alors des terrains de jeux dangereux. À l'image de Bouli Lanners, filmant la Belgique comme le nord américain, Robin Pront s'en approprie les mythes.
Les Ardennes est une histoire de frères, de gangsters minables et de réglements de compte miteux. Maîtrisant la mise en scène et le rythme, le cinéaste déroule un récit dont la trame d'abord convenue se mue en drame absurde.
C'est dans cette sortie de route volontaire que le film trouve son originalité, le personnage interprété par Jan Bijvoet (Borgman), malfrat sanguinaire vaguement ermite, semblant d'abord capable de résoudre les problèmes, devient celui qui les amplifie. Les deux frères qui s'affrontent dans une relation d'amour-haine demeurée infantile vont très vite se laisser déborder et ne plus rien maîtriser du tout.
Le film se regarde sans déplaisir mais ne sort pas de l'exercice de style. L'ensemble manque finalement de fond et ne réussit pas à transformer la chronique noire en drame antique. Les Ardennes n'en demeure pas moins le premier long métrage d'un cinéaste prometteur.