Pour son premier long-métrage adapté d’une pièce de théâtre, Robin Pront réalise un polar social hardcore qui, aux premiers abords, présente un scénario bien peu original.
Il est question d'un homme, Kenneth, qui, après avoir écopé de quatre ans de prison après un braquage raté, souhaite repartir de zéro et retrouver sa copine Sylvie, sauf que celle-ci s'est mise en couple avec son frère cadet, Dave. Redoutant une mauvaise réaction de l'ex-taulard, les amants vont donc dissimuler leur liaison, et entre non-dits et frasques, un duel fratricide à la fois sincère et funeste va s’illustrer peu à peu.
Mené par des acteurs aux gueules et aux charismes de malade - je pense surtout à Kevin Janssens, alias Kenny -, ce thriller belgo-néerlandais, à mi-chemin « entre Fargo et Animal Kingdom » (Studio Ciné Live), ne connait pas vraiment de points morts au niveau de sa mise en scène. Partant du drame sentimental simpliste mais intense avant d'embrayer sur le road-trip violent mais stylé au cœur de la campagne ardennaise, il dépeint une une réalité brute. D'ailleurs, la deuxième partie du film serait celle que j'ai le plus apprécié, avec ce duo de truands loufoques que l'on découvre. Puis en règle générale, les personnages sont bons dans leur noirceur et authenticité.
On reconnaitra certaines influences du genre tels que les frères Coen, Michael R. Roskam ou peut-être Jacques Audiard, mais il n’en est rien de l’esprit tarantinesque vanté sur l’affiche mensongère du film.
Agrémenté d’une BO tonitruante, Les Ardennes (2016) reste néanmoins une petite claque jouissive dont on ne ressort pas indemne et propulse d’ores et déjà Robin Pront dans la Nouvelle Vague flamande. 6/10