Après un retour aux sources de son cinéma à la fin des années 1980, c’est à dire un cinéma plus indépendant, John Carpenter revient en 1992 après 4 ans d’absence (la plus longue pause dans sa carrière de réalisateur) et propose un nouveau film mêlant fantastique et science-fiction : Les Aventures d’un homme invisible. Un douzième film plutôt méconnu de nos jours qui ne trouva pas son public.
À la suite d’un accident au laboratoire de recherche Magnascopics, où il travaille, Nick Halloway devient invisible. Poursuivi par la CIA qui désire tirer profit de ses nouvelles capacités, Nick ne peut compter que sur celle qu’il aime, Alice Monroe, une productrice de télévision.
Les Aventures d’un homme invisible marquait donc le grand retour de John Carpenter au cinéma après 4 ans d’absence. Ce douzième film est également une nouvelle tentative pour lui de retravailler avec un grand studio hollywoodien, la Warner Bros, et de proposer un film plus grand public. Car oui, Les Aventures d’un homme invisible est un film un peu OVNI dans la filmographie de John Carpenter, sorte de comédie romantique teintée de science-fiction. Le cinéaste avait déjà su proposer ce genre de film avec son sympathique Starman en 1984 en racontant la venue d’un extraterrestre sur Terre, un film que j’avais bien apprécié ! Et cette fois, Big John s’attaque à la comédie romantique en adaptant un des concepts cinématographiques les plus forts de la science-fiction et du fantastique : l’homme invisible. Le sujet semblait donc intéressant avec Carpenter aux commandes, maître du fantastique et de l’horreur. Résultat : un film gentil et ludique mais peu marquant, qui a mal vieilli au niveau de ses effets spéciaux et qui ne restera pas comme le film le plus prenant de la filmographie du réalisateur.
Adapter le roman de Harry F. Saint ne fut donc pas une chose facile avant que John Carpenter ne s’y attèle. La production de Memoirs of an Invisible Man fut en effet compliquée : l’acteur Chevy Chase (interprète de Nick Halloway) refusait les différentes versions du scénario, plusieurs réalisateurs se succédaient à la tête du projet tels qu’Ivan Reitman et Richard Donner,... bref le film ne se concrétise que lorsque John Carpenter, qui n’a pas tourné pour un studio majeur depuis l’échec des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (1986), est engagé comme metteur en scène. Vendu comme une sorte de version de « La Mort aux Trousses qui rencontre Starman », Les Aventures d’un homme invisible se veut être un divertissement dynamique et ludique, usant d’effets spéciaux spectaculaires pour l’époque afin de mettre en scène cet homme invisible.
Hélas, le film, bien que sympathique à regarder, sera un échec (seulement 14 millions de dollars de recette aux États-Unis) et souffre aujourd'hui de ses effets visuels vieillissants et de son scénario plutôt classique à l’eau de rose, parfois un peu niais (il faut dire que le doublage québécois n’aide pas, oui le film est introuvable en VF et la version sur Prime Video est en VFQ...). La mise en scène de John Carpenter souffre donc une fois de plus de ce défaut qui le poursuit depuis ses débuts et sur quasiment chacun de ses films : ce côté vieillissant. Alors certes son film a bénéficié d’un important budget, mais sa mise en scène très statique avec ses séquences peu rythmées et son montage très mécanique, empêchent le film d’exploser et de nous emporter dans une sorte de Mort aux Trousses avec un homme invisible à la place de Cary Grant (sur le papier ça donne envie) !
Le film reste donc gentillet et le concept de l’homme invisible est plutôt bien retranscrit à l’écran mais l’histoire est tellement simpliste et dans un ton très optimiste que l’on a du mal à croire à un film de John Carpenter. On a plus l’impression de regarder le film d'un autre, voire un téléfilm à gros budget tant les thématiques et l’ambiance sont éloignées du cinéma de Carpenter ! Les Aventures d’un homme invisible restera donc comme un gentil petit film, divertissant sur le moment, mais assez oubliable. Un Carpenter en mode mineur.