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Qui est le film ?
Après la comédie populaire, le thriller et le brûlot, Nabil Ben Yadir tente ici un cinéma de la douceur combattive en co-réalisant avec sa mère, Mokhtaria Badaoui. Le film promet une fable sur l’émancipation tardive de femmes maghrébines à Molenbeek et cherche à déplacer le regard habituel offert à ce milieu. Il veut célébrer la sororité, réenchanter le quotidien et redonner une scène à celles qu’on a trop souvent confinées dans l’ombre. Sa tension formelle réside dans cette volonté de conjuguer poésie et comédie populaire, tout en faisant du théâtre un outil de réinvention de soi.
Par quels moyens ?
Au centre, Fatima, sexagénaire dont l’existence vacille lorsqu’elle découvre la double vie de son mari. Le film cherche à la suivre au plus près, à capter ces gestes et ces voix relégués d’ordinaire au bord du cadre, comme si la caméra voulait enfin leur offrir un espace plein. Pourtant cette matière riche s’accompagne d’un ton parfois trop aimant, presque protecteur, qui limite la rugosité du réel que le film prétend embrasser. Le théâtre devient alors un véritable laboratoire, un espace où l’on réapprend à se tenir, à parler, à respirer en présence des autres. Les répétitions offrent de beaux moments de fragilité, de langue bégayée, de corps qui se replacent dans l’espace. Pourtant cette métamorphose reste à demi incarnée, comme si le film privilégiait la caresse métaphorique aux tensions concrètes qui l’auraient rendue plus incisive.
Le film est d’abord un film de troupe. Les «baronnes» sont un collectif de femmes qui se soutiennent, se provoquent, se tiennent mutuellement à l’écart des stéréotypes qui pèsent sur elles. La sororité devient un espace politique concret : c’est dans ce groupe que Fatima trouve l’encouragement, la ruse, le désir. La réalisation transforme la comédie en dispositif d’émancipation collective. Le personnage est sauvé de l'extérieur mais par ses pairs.
Le film assume des audaces : théâtralisation, passages surréalistes, touches absurdes. Les audaces formelles donnent lieu à de réels éclats, notamment dans certaines scènes d'emploi de la technologie. Vient ensuite, la question du langage et de l’humour. Les dialogues jouent sur l’oralité et l’esprit de quartier, avec de beaux moments de spontanéité. Le film cherche à renverser les clichés en montrant l’intelligence ludique et corrosive de ces femmes. Pourtant ce comique demeure sage et parfois appuyé. L’irrévérence annoncée laisse place à une forme de jovialité qui gomme la causticité pourtant promise.
Saadia Bentaïeb, Rachida Bouganhem, Halima Amrani, Rachida Riahi forment une palette où se mêlent métier et fraîcheur. L’économie de jeu (parfois proche de l’oralité théâtrale) permet d’éviter l’exotisation : les femmes ne sont pas caricaturées. La présence de la mère du réalisateur dans la scénographie ajoute un point d’authenticité qui empêche la « folklorisation ». Leur énergie, leur physique et leur voix constituent le matériau central du film : les actrices sont à la fois sujet et moteur narratif.
Quelle lecture en tirer ?
Les Baronnes raconte la possibilité de se réinventer lorsque tout semble figé. Il montre comment un texte ancien peut réveiller un corps, comment un groupe peut offrir une scène, comment un quartier peut devenir théâtre de soi. Mais il rappelle aussi, malgré lui, que la fable n’efface jamais les conditions matérielles qu’elle survole. Le film donne à voir la joie comme arme mais hésite à en montrer le prix. Il offre un récit lumineux mais sans la densité d’ombre qui aurait rendu cette lumière plus précieuse.
Créée
il y a 5 jours
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