Un homme rongé par la vengeance

Ce film de 1961 raconte l’histoire de Tolly Devlin, un gamin des bas-fonds de New York qui voit un soir son père se faire tuer sous les coups de 4 truands. Il jure de se venger mais attend pour cela d’être adulte, récupérant les noms des 4 assassins, devenus depuis des parrains de la pègre. Sa vengeance va être implacable, c’est sa seule et unique motivation, aveuglé au point de délaisser même et mépriser la femme qui l’aime et qui lui propose de l’épouser…Il éclate alors de rire. Il infiltre l’organisation criminelle grâce à ses talents de cambrioleur et il est aidé dans sa quête par un policier intègre qui veut les faire tomber. Comme toujours dans les films de Fuller, les moyens sont limités (pas d’acteur ou d’actrice connu(e), des décors restreints…). Tout est dans la mise en scène, violente, hyper efficace de Fuller avec un montage très impressionnant qui donne un rythme élevé à l’action, chaque plan est pratiquement un coup de poing asséné au spectateur (pas un hasard si la dernière image du film est un gros plan sur le point serré de Devlin). Le film est même présenté par Martin Scorsese qui dit toute l’admiration qu’il a pour Fuller et l’influence qu’il a pu avoir dans certains de ses films. Il rappelle aussi que Jean-Luc Godard était lui aussi un immense fan de Fuller et l’a même fait tourner dans son propre rôle dans « Pierrot le Fou » en 65. Scorsese résume le cinéma de Fuller en 3 adjectifs : « Un cinéma incisif, violent, direct ». On ne saurait mieux dire. Un très bon film noir avec quelques scènes brutales (la fillette renversée de son vélo par la voiture d’un des truands en guise de vengeance…). On peut retrouver l'héritage de Fuller par exemple aujourd'hui dans le cinéma de Tarantino, qui ne s'est jamais caché de cette influence.