Autant le second film français sur la jeunesse sorti cette année-là était une piscine de merde sans nom, autant ce film est d'un naturel et d'une justesse qui ne manquent le chef d'oeuvre que de peu.
Nos deux héros sont puceaux, complètement foutu en l'air par leurs hormones, perdus et affolés en face de ces jeunes filles qu'ils ne savent pas gérer (déjà qu'ils ne se gèrent pas eux-mêmes tu penses bien). Leurs coupes sont moches, leur front est prêt à céder sous les assauts d'une acné joyeuse et heureuse de trouver son bonheur dans le manque d'hygiène relatif qui est le leur. Leur monde est celui de tous les lycéens moyens, dans une ville moyenne avec ses élèves moyens, qui surtout se cherchent, se perdent, ne savent pas vraiment qui ils sont ni ce qu'ils veulent.
Chacun trouve ses solutions et se construit sa tribu pour faire face, tantôt avec les jeux vidéos, tantôt en s'essayant à toutes les modes vestimentaires les plus ridicules qui soient, en essayant bien sur de pécho des jolies filles pour enfin passer à l'age adulte et ne plus être puceaux (ce Graal).
Difficile d'évoluer coincé dans sa chambre pleine de Kleenex usagés, entre des parents aussi paumés que leurs gosses, pas toujours beaux loin de là, confrontés à des tourments sans fins mais qui finalement s'en accommodent assez bien et à vrai dire se marrent pour pas grand-chose.
Et c'est touchant.
Par ce que les potes il y a que ca de vrai quand tu as quinze ans, que l'enfance n'est pas encore trop loin, tu es dans un entre-deux, tu testes, tu cherches, tu prends des baffes mais c'est pas très grave au final, rien n'est vraiment grave après tout quand tu n'as que quinze ans.
Et puis quelques temps après tu as appris à t'habiller, tu es plus puceau, tu es plus grand, tu te connais un peu mieux, tu sais ce que tu aimes, tu t'affirmes, tu as une copine, puis deux, etc.
En définitive ce film c'est ce qu'il reste quand cette période est révolue : des petits morceaux de rien, des situations improbables (le distributeur de bananes sérieux xD), d'énormes palots baveux, des blagues vaseuses. Et Ryad brode sur ce thème pendant son film, qui n'a aucun fil rouge à part la petite histoire d'amour de Hervé. Et je trouve que ça marche.