Conte au pays de la confusion.

Le film de Wong Kar Waï sorti en 1994 semble suivre une construction scénaristique spéciale, comme toujours pour le réalisateur (Chungking Express la même année), une structure qui fait se dérouler le récit sur toute une année au rythme des saisons. Ce choix de structure semble d'autant plus pertinent que le réalisateur hongkongais fait de son long-métrage une sorte de conte. Plusieurs arguments semblent étayer cette hypothèse, l'esthétique féerique et lyrique, pouvant glisser dans l'épique au moment des bagarres, foutrement bien réalisé (au bout de 5 ans de tournage en même temps), la morale apportée par chaque segments de chaque saisons (l'oubli, la personnalité...), la difficulté de situé le récit et les petites citations proches du haïku japonais.
Toutes ces idées, plus que bonnes et intéressantes, sont malheuresement entachées par le rythme infame qu'adopte le film. Un rythme jamais juste, toujours trop rapide ou trop long (surtout trop long) et qui arrive, miracle, à ralentir le temps. Il aurait été bénéfique que le film adopte une autre durée. Mais du haut de ses 1h40, il semble être rempli à rabord, rendant la compréhension assassinante de complexité, le non-développement et les raccourcis trop courants n'aidant pas. Avec 30 minutes de plus, il aurait été possible de traiter beaucoup plus du film et d'élargir tout les segments, ce qui aurait rendu plus digeste le résultat final. En serait ressorti un film contemplatif façon l'Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford d'Andrew Dominik, plus agréable à regarder, l'aspect conte évoqué plus haut nous aurait par ailleurs permis de nous blottir contre le film à la façon d'un cocon. Mais le résultat actuel est d'un ennui mortel, mal dosé... Une grande déception, la première concernant Wong Kar Waï...
En plus j'ai vu le film au cinéma quoi, un film contemplatif aurait été parfait pour conclure une journée de cours chiante rythmée par un prof de philo à la limite de la dictature...