J’adore aller au cinéma. Je trouve que c’est le meilleur endroit pour vivre ses émotions à 100% comme le souhaite le ou la réalisatrice. Et par l’expérience si intense que je viens de vivre, je ne comprends pas pourquoi ce film ne passe que dans un petit cinéma de ma ville alors que celle-ci y accueille un bon nombre de multiplex. Ce qui n’est pas pour me déplaire car ce cinéma (l’american cosmograph à Toulouse) a la présence d’esprit de programmer  « les chambres rouges » de Pascal Plante tout les soirs de la semaine de sa sortie. Alors que ce film a plutôt fait parler de lui dans son pays d’origine au canada. Je remarque aussi avec surprise que celui-ne figure pas dans « les sorties de la semaine » sur sens critique malgré sa très bonne note.

Je n’ai pas l’habitude de publier des critiques mais j’espère que par le bouche à oreille, ce film puisse bénéficier de la distribution qu’il mérite.

Pascal Plante aime nous questionner , nous sortir de notre zone de confort et nous mettre face à un constat actuel très dérangeant : la fascination pour le morbide.

Dès le début du film, nous sommes avertis : nous n’allons pas passer un bon moment. Cette scène de tribunal admirablement réalisée avec un plaidoyer expliquant les principes dégeulasses des red rooms sur le dark web , nous montre à quel point l’humanité est capable des pires atrocités quand celle-ci se garantie un anonymat.

Surenchère dans la dégeulasserie : le procès est médiatisé. Attirant une foule de groupies du bourreau dans la salle d’audience sous les yeux de millions de téléspectateurs mais surtout, des familles des victimes.

Et puis on s’intéresse à notre protagoniste Kelly-Anne au milieu de cette foule, assise à côté des autres fanatiques persuadées de l’innocence du tueur.

Ces fanatiques représentées par le personnage de Clementine : Ridicule, naïve qui est prête à annoncer aux journalistes des théories conspirationnistes fumeuses et énervantes tant le propos qu’elle remet en question est dérangeant. Elle est la victime de cette société en manque de ragots morbides qui se déshumanise petit à petit.

Les deux personnages se lient ensuite d’amitié , nous permettant d’en apprendre plus sur Kelly-Anne. Une femme beaucoup plus mystérieuse, d’une beauté glassante fascinée par la technologie et par sa révolution au quotidien. Elle est aussi mannequin donc elle arrive à attirer les regards sur elle, lui permettant de combler ses distractions autour de l’anonymat que lui procure son autre gagne-pain : le poker en ligne.

Cette ambiance pesante et mystérieuse m’a progressivement prise aux tripes sans que je sache réellement expliquer pourquoi. Mis à part par la musique parfaitement dosée de Dominique Plante et par le fait de filmer l’omniprésence des écrans représentant une certaine liberté pour l’une et une oppression pour l’autre. Aussi, le film nous rappelle constamment qu’il manque la video de mise à mort de la troisième victime, Camille âgée de 13 ans. Nous posant ainsi cette question récurante : vas-ton voir la video manquante comme le souhaitent les deux personnages ?

Par ces deux femmes qui apprennent à se connaitre, une différence majeure prends de plus en plus de place au sein du récit : Contrairement à Clémentine, Kelly-Anne n’est pas persuadée de l’innocence du tueur.

Ici vous pouvez spoiler !

A partir de cette révélation le film m’a complètement perdu. Je ne comprenais pas Les intentions de Kelly-anne surtout après cette scène ultra dérangeante quand elle se déguise en camille pour attirer le regard du tueur, par le fait qu’elle gagne la video de celle-ci aux enchères et qu’elle infiltre la maison de sa famille en se prenant en photo dans la chambre pour finir par poser une clef usb sur la table de chevet des parents.

Puis on filme un écran éteint en plan fixe se demandant ce que celui ci va nous montrer, la peur au ventre. Pourtant il s’allume sur le reportage d’un journal télévisé expliquant que le tueur se déclare coupable et diffuse une interviews de clémentine s’excusant auprès des familles des victimes. La musique devient beaucoup plus légère et le générique se lance admirablement sur le prochain ajout de ma playlist deezer.

Mais je me rends compte que j’ai toujours pas compris le film.

L’ami avec qui je suis allé le voir est septique car il ne comprends pas la fin non plus. En discutant, nous sommes arrivé à la conclusion que Kelly-anne est la personne qui a condamnée le tueur en fournissant les preuves aux autorités et qu’elle s’est déguisée en Camille pour vérifier que le regard était bien celui qu’il y avait sur la vidéo. Ce serait une white-hat cherchant à faire justice par elle même. Mais cela n’expliquait pas pourquoi elle est mannequin, pourquoi l’ambiance est aussi tendue (mis à part pour tromper le spectateur) et surtout pourquoi elle se prends en photo dans la chambre de la gamine. On repart donc chacun de notre coté avec la conclusion que ce film est bien mais maladroit.

Mais je suis hanté depuis que je l’ai vu. Je refuse de penser que le scénario est aussi maladroit alors que le reste est aussi bien maitrisé et surtout, Pascal Plante cherche volontairement à brouiller les pistes sur les écrans, sur les motivations de Kelly anne, sur la scène où on croit qu’elle gagne la video au poker en ligne alors quelle fait juste une partie à côté et sur le contenu de la clef usb.

En partant de la scène où kelly anne se prends en photo dans la chambre de Camille, je me demande quelle serait sa réelle motivation, mis à part de la garder comme trophée. Surtout qu’elle n’est plus mannequin. Les regards ne sont plus rivés sur elles maintenant. Cet événement déclencheur lui permet d’assumer sa fascination pour le tueur et pour les red rooms. Elle se déguise en Camille dans la salle d’audience le jour de l’anniversaire du tueur pour avoir le regard de la seule personne qui compte pour elle. Elle a bien mis la video de la mise à mort de Camille sur la clef USB pour faire souffrir la famille. Sachant que le mère a quitté la salle d’audience ne pouvant pas s’imaginer le même sort pour sa fille.

Ainsi, par l’atrocité du geste et des conséquences qui suivent, le tueur se déclare coupable et fournit les preuves de sa transaction à la justice. Arrêtant toute la fascination qu’il y a autour de cette affaire sordide car il ne souhaitait pas autant faire souffrir la famille.

Contrairement à Kelly-Anne qui elle, est en liberté …

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le 26 janv. 2024

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