Fresque médiévale polonaise conséquente de 2h30 réalisée par le très méconnu et pas inintéressant Aleksander Ford qui met en valeur l'honneur et la résistance des chevaliers de l'Est face à l'annexion rampante de leurs provinces par l'imposante armée Teutone en marche pour la sainte évangélisation du peuple. Le contexte seul est déjà original et intéressant puisque Polonais comme Allemands sont déjà chrétiens. Il s'agit dès lors de montrer toute l'étroitesse d'esprit de certains de ces seigneurs en croisade aveugle persuadés que la seule vraie chrétienté est la leur alors qu'ils ne sont au final que de simples envahisseurs qui légitiment leurs actes par leur foi soit disant inébranlable et irréprochable. En face c'est du classique, un preux chevalier au sens de l'honneur et du sacrifice sans faille, une princesse polonaise capturée en secret, un seigneur borgne et protecteur du peuple qui montre les vraies valeurs de partage et d'égalité chrétienne.

Bon, c'est un peu kitsch, mais pas tant que ça, et très bavard. Les combats sont secondaires, pas plus mal vu qu'ils rappellent un je ne sais quoi de n'importe quoi Turc, mannequins en mousse volants inclus. La bataille finale réunit un nombre impressionnant de chevaliers mais la mise en scène a quand même du mal à convaincre du caractère épique de la chose. Autant, on a droit à quelques beaux (et nombreux) travellings quand il s'agit d'exposer une salle en fête, un château ou la vie quotidienne des paysans avec de bonnes idées de composition, autant le moindre combat est assez risible et d'autres procédés de mise en scène manquent gravement de spontanéité et de maîtrise. Exemple, 4 cavaliers discutent sur le chemin et on se rend bientôt compte qu'ils ne font que tourner en rond sur une petite clairière au lieu d'avancer... Les accessoiristes n'y vont pas de main morte non plus sur les costumes bariolés, mais en même temps, ça ne doit pas être si éloigné de la vérité.

L'histoire a son charme malgré tout. Les dialogues sont typiquement médiévaux et les coutumes de l'époque fidèlement exposées ce qui est assez intéressant et apporte une ambiance singulière et une touche réaliste. Il y a aussi une jolie réflexion sur le droit chemin et le scénario avance quelques choix peu classiques et assez brutaux qui collent bien au contexte, mais le chevalier irréprochable et sa princesse sont très peu originaux et ne sont pas de grands acteurs non plus. On préférera les prestations plus convaincantes des chefs de guerre et des vils Teutons. Le rythme est un peu inutilement lent aussi. Aleksander Ford s'attarde trop sur des scènes visuelles juste pour montrer le gros budget de sa reconstitution.

Au final, c'est pas terrible, terrible, mais ça vaut surement plus que les bouses médiévales qui sortent en enfilade en ce moment pour qui veut un peu de réalisme historique.
drélium
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le 2 août 2011

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drélium

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