Il y a des films dont on déteste dire qu'ils sont ratés, parce qu'ils ont gagné notre cœur, sinon notre entière adhésion. Entre satire militaire façon "MASH" - nécessaire à une époque où les idées néo-cons se sont bien implantées dans l'inconscient collectif - et doux délire entre copains ayant abusé de substances illicites, "les Chèvres du Pentagone" (faible traduction française d'un joli titre original) manque complètement sa cible, faute d'un scénario qui sache quoi faire de son beau sujet, paraît-il (même si l'on a du mal à y croire) inspiré de faits réels, et d'une vraie mise en scène. Mais on aime quand même ce ratage, parce que, durant la première heure, on aura ri comme rarement, devant des comédiens épatants (Clooney, McGregor, Spacey, Bridges !) qui, visiblement, s'amusent, et qu'on aura été néanmoins régulièrement touché par cette tristesse d'un regard vraiment "concerné" sur le monde (voyez par exemple la justesse de la rencontre de nos "héros" avec un otage irakien au cœur de la folie d'un conflit absurde). [Critique écrite en 2010]