Porté par mon enthousiasme au sortir de l’excellent Max et les ferrailleurs, j’me suis mis dans la caboche de continuer à découvrir le cinéma de Claude Sautet. Étant données les louanges que j’ai pu lire partout à propos des choses de la vie, j’me suis dit Banco, d’autant plus qu’accusant seulement 80 minutes à la pesée, la découverte n’en était que plus engageante. Et bien, résultat, je suis un brin freiné dans mon enthousiasme, je commence même à me dire, en ayant lu les pitchs de ses autres films, que l’aspect Polar de celui qui m’a fait rencontrer Sautet était un cas un peu à part dans sa filmographie.


Alors, pour que vous arrêtiez de me lancer des pierres, soyons clairs, Les choses de la vie a de belles qualités, mais son sujet n’est pas forcément mon sachet de thé. Parce que bon, 1h20 pour me dire que la mort n’est pas un truc très cool… je n’en doute malheureusement pas.


Mais voilà, en lead, il y a Piccoli. Un naturel à toute épreuve, un charisme évident qui trouve en Romy Schneider une belle résonnance. Sautet les met à leur avantage, même quand ils s’engueulent, leur complémentarité fonctionne, elle à fleur de peau, lui aussi apathique qu’une carpe en plein soleil. Mais qu’on ne s’y trompe pas, sous la caboche de l’architecte en demi-vie s’agite une passion latente.


Et puis, niveau mise en scène, Sautet surprend. Au bout de 10 minutes de bobine, on comprend qu’il ne contera pas triangle amoureux classique. A coup de flashbacks furtifs agités par un montage créatif, il se joue de son spectateur, trouble la ligne temporelle de son histoire, cette dernière ne se concrétisant que dans les derniers instants, lorsque la messe est dite.


C’est pourquoi je suis un peu embêté. D’un côté, je n’ai pas été particulièrement enthousiasmé par une histoire trop convenue, voir même parfois bien facile (je ne me remets pas du mec qui cale au milieu de la route) et un message ras des coquelicots, de l’autre j’ai trouvé la mise en scène de Claude Sautet, ainsi que l’intelligence de son montage, assez stimulants. De quoi me pousser à tenter d’autres films de sa main, avec un enthousiasme plus modéré toutefois, j’ai bien l’impression que le bougre a en sympathie les histoires de coeur un brin poussives.

oso
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le 20 janv. 2016

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oso

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