Bergman amorce sa veine épurée et rigoureuse, qui culminera notamment avec Persona puis Cris et chuchotements. Trois ou quatre lieux tout au plus ici : L’autel et les coulisses d’une église, le bord d’un cours d’eau, une maison de famille. On a définitivement quitté l’été qui irriguait nombreux de ses films durant les années 50. La neige a recouvert le paysage, la glace envahi les rivières. Froideur climatique rivalisant avec cette non moins glaciale mise en scène qui ne rechigne pas ici, à un plan fixe de sept minutes sur un visage et une lettre lue face caméra avec une voix monocorde et des yeux vitreux. Les communiants, comme le film de Bresson (Le journal d’un curé de campagne) avant lui suit l’histoire resserrée (Quelques heures, tout au plus) d’un pasteur en pleine crise de foi (Depuis la mort de sa femme) se retrouvant confronté à un office pour le moins clairsemé duquel s’échappe le visage déjà loin d’un homme (Un premier échange de regard accablant) tenté par le suicide, que les confessions abstraites du pasteur ne parviendront pas à sauver. Max Von Sydow affrontait La Mort dans Le septième sceau, ici il la porte en lui, sans possibilité d’échappatoire. Pas la veine (Ouvertement janséniste) bergmanienne qui me touche le plus, mais son orchestration sèche et spectrale (à l’image de ce faisceau lumineux plus cauchemardesque que providentiel qui apparaît un moment dans le dos du pasteur) force l’admiration.

JanosValuska
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le 7 nov. 2016

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