Les fleurs roses des cerisiers dansent lentement dans le ciel bleu
au-dessus de la route.
Les arbres nous font signe de leurs milliers de feuilles vertes
qui s’agitent tout là-haut.
Le métro jaune passe à toute vitesse devant le pont de métal bleu
puis disparait à l’horizon.
Les haricots rouges confits s’étendent entre deux pancakes jaunes et marrons
là où ils sont le plus grillés.


Le Tokyo de Naomi Kawase est un Tokyo de couleur. Un Tokyo de rose, de vert, de jaune, et de bleu. Et le soleil brille. Il illumine la ville de sa lumière printanière, celle de nos souvenir d’enfance. Et quand il pleut, alors la ville s’illumine quand même, sous sa fine couche d’eau brillante.


Le Tokyo de Naomi Kawase n’est pas vraiment une ville. Ce sont des lieux isolés. Une longue rue bordée de cerisiers qui fleurissent le printemps. Un petit magasin de dorayakis et sa cuisine étriquée. Un appartement grisonnant avec un poussin jaune qui chante dans sa cage. Un sanatorium où vivent et meurent les lépreux, loin du monde, au milieu des fleurs et des arbres, où le soleil brille plus que nulle part ailleurs.


Le Tokyo de Naomi Kawase est peuplé de gens seuls, comme les lieux qui le composent. Un homme dans sa cuisine. Il prépare des pâtisseries mais n’aime pas le sucré. Une adolescente dans son appartement. Elle se comporte comme une mère et sa mère comme une fille. Une vieille dame dans son sanatorium. Elle parle aux haricots et écoute le vent souffler. Trois générations. Trois générations qui se rencontrent.


Mais surtout trois personnes qui s’ouvrent. Trois personnes qui se transmettent les quelques certitudes qu’elles peuvent bien avoir. Trois personnes qui vont revivre doucement autour de petites pâtisseries aux haricots confits. Des haricots sucrés. Ou peut-être sont-ils maintenant salés. En tout cas, une chose est sûre, ils sont rouges. Des haricots rouges dans un Tokyo de couleur.

Clode
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2016

Créée

le 11 janv. 2017

Critique lue 540 fois

26 j'aime

3 commentaires

Clode

Écrit par

Critique lue 540 fois

26
3

D'autres avis sur Les Délices de Tokyo

Les Délices de Tokyo
Shania_Wolf
8

N’importe où hors du monde

C’est toujours un regard empli de tendresse que Naomi Kawase porte sur les destins humains. Ses personnages sont éphémères, discrets, aux trajectoires modestes. Ce sont ceux qui n’existent pas aux...

le 24 nov. 2015

61 j'aime

2

Les Délices de Tokyo
voiron
7

Les Délices de Tokyo

Sentaro (Masatoshi Nagase) fabrique et vend des dorayakis, pâtisseries traditionnelles japonaises, de petits gâteaux fourrés à l’«an», une pâte de haricots rouges confits. Il est triste et effectue...

le 31 janv. 2016

45 j'aime

6

Les Délices de Tokyo
SanFelice
8

Les conserves du nouvel An

Décidément, une fois de plus, c'est le cinéma extrême-oriental qui m'aura donné le plus d'émotions cette année. Une preuve de plus m'a été offerte, aujourd'hui même, par ce très beau film, le premier...

le 8 déc. 2016

37 j'aime

2

Du même critique

A Beautiful Day
Clode
7

Un sourire

Joe aime les marteaux. Les marteaux noirs en acier, avec écrit dessus "Made in Usa" en petites lettres blanches. Dans sa main, les marteaux paraissent petits. Les marteaux sont gros, aussi gros qu’un...

le 9 nov. 2017

54 j'aime

4

Juste la fin du monde
Clode
4

La famille hurlante

Au sein de la famille de Louis, ils ne se ressemblent pas tellement. Non. Pour commencer, ils ne se ressemblent pas beaucoup physiquement. La famille de Louis n’est pas une de ces familles où tout le...

le 27 sept. 2016

53 j'aime

12

Deadpool
Clode
5

Bites, culs, prouts

C'est l'histoire d'un chat qui s'appelle Christian. En tout cas, c'est le nom que lui donnent les gens. Christian est un de ces chats qui se balade partout dans la ville sans que personne ne sache...

le 12 févr. 2016

51 j'aime

8