S'appuyant sur le livre culte de Thomas de Quincey et d'une fidélité absolue à la pensée de l'auteur et à sa thèse, Philippe Collin signe une œuvre cinématographique en noir et blanc enchanteresse, taillée comme un jardin à la française, d'une âpreté folle, doublée d'une intelligence et d'une rigueur hallucinantes.


A l'instar de Thomas de Quincey dans son ouvrage, il s'interroge sur l'inéluctable mortalité de l'intelligence humaine, aussi divinement élevée soit elle : celle de Kant.
Collin se penche avec une minutie d'horloger sur sa décrépitude avec, comme de Quincey, une tendresse inouïe, s'attardant sur les obsessions quasi pathologiques d'un vieillard luttant jusqu'à son dernier souffle pour réfléchir, encore réfléchir, en une suite de tableaux quotidiens rythmés par les défaillances du philosophe allemand jusqu'à sa dernière promenade, allégorie de son destin mortel.


La mort à l'œuvre s'acharne à mettre à l'épreuve de l'existence la philosophie Kantienne, livrant pour toute réponse une absence finale où tout se dérobe en un instant : plus rien, personne, seulement un sentier vide et le chant des oiseaux que le philosophe de Königsberg affectionnait tant. C'est brillant, austère et fascinant.

SophieChalandre
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le 18 sept. 2021

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Soph CH

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