Servant de fil conducteur à cette déambulation dans les ruines d’un événement historique unique dans les annales, l’institutrice magnifiquement interprétée par Nobuko Otowa devient le témoin pudique d’un implacable état des lieux quelques années après la bombe qui dévasta Hiroshima.


Surplombant en permanence l’idée même d’espoir en des lendemains meilleurs, la vision de ces corps meurtris et des conséquences sur leur quotidien suffit à installer un climat pesant que la mise en scène parfois un peu trop appuyée dans l’utilisation d’un certain pathos, quand les images parlent d’elles-mêmes, du futur réalisateur du chef d’œuvre absolu que sera l’Île Nue, distille.


L’héroïne féminine tente pendant tout le film de convaincre le grand-père d’un gamin dont les parents ont été tués ce fameux 6 Août 1945, qu’une maladie incurable emporte peu à peu, de la laisser extirper son petit-fils d’un orphelinat pour lui offrir une vie meilleure.


Au gré de ses rencontres, elle constatera, bien des années plus tard, les conséquences sur la vie des habitants de la ville meurtrie : paupérisation, maladie, stérilité,… et tentera de sauver ce qu’elle peut.


Au-delà de l’émotion suscitée par ce constat glaçant de la part d’un réalisateur qui sait parfaitement restituer une imagerie naturaliste par des procédés expressionnistes dont il maîtrise parfaitement tous les attributs, le film prend toute sa puissance évocatrice dans ces petits moments où la caméra vient survoler les événements avec pudeur et un recul salvateur qui parvient à contrecarrer les quelques moments où inconsciemment il tombe dans certaines facilités larmoyantes auto-déclenchées.


Au final, Kaneto Shindo, fait du spectateur, le témoin éberlué de cette implacable tragédie générée par la stupidité de quelques puissantes inconsciences, et l’on en ressort encore plus convaincu que Botul devrait fermer sa gueule.

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le 6 mai 2019

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