Ce film m’a particulièrement ému pour le simple fait d’avoir été tourné en guérilla, dans les ruines en reconstruction de Hiroshima, en 1952. Je suis autant impressionné par la détermination de toutes celles et ceux qui ont contribué à créer ce film, malgré des conditions catastrophiques, que par leur capacité à le faire à partir de ces dernières : soit s’adapter à une situation désastreuse pour mieux en témoigner.


J’en retiens la reconstitution de l’explosion de la bombe en début de film, mêlant images d’archives réelles de la bombe et de corps dans les hôpitaux, à images mises en scènes de cadavres dans les ruines, et cet l’homme assis sur un escalier, s’évaporant dans un fondu enchaîné pour imprimer une silhouette bien réelle sur les marches. J’en retiens mon sursaut provoqué par la sirène d’un bateau, mon impression de voir des flammes en regardant les remous de l’eau, de voir une explosion en regardant un nuage, de l’entendre dans le son d’un moteur, de voir l’horreur dans des images et des sons paraissant anodins. Après le cataclysme, pendant la reconstruction, la désolation est toujours présente, la peur d’une nouvelle destruction perdure. Le film parvient à évoquer cette éventualité sans réellement la mentionner ; uniquement par ses images et par ses personnages, étant soit dans le déni du désastre, soit actifs dans la reconstruction de la ville pour en faire le deuil. Alors que la reconstitution est d’actualité, cela donne au film une dimension presque documentaire. Mais c’est puisque c’est une fiction, une question perdure durant tout le film : Kaneto Shindo va-t-il franchir le pas et faire revivre l’enfer à ses personnages en fin de film ? J’en retiens mon doute sur la direction qu’allait prendre le scénario. Ayant déjà utilisé de véritables images de la bombe, il pourrait le refaire : nous avons vu ce qui peut arriver et nous le craignons avec les personnages.


Étant adepte des tournages en guérilla, et donc des scenarii écrits en fonction, je me projetais constamment dans ce que j’imaginais être le tournage du film. Tout avait dû être pensé dès le scénario pour que le tournage soit possible dans ces conditions, et cela donne espoir de voir que, même dans la pire situation imaginable, il y existera toujours un moyen de créer.

AxelPlantec
9
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le 25 déc. 2023

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Axel Plantec

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