Les Enfants de Belle Ville par Sadoun Franck

Peut-on trouver la paix dans la vengeance ? Ce qui m'a marqué dans le film était dans le regard de la personne endeuillée, vêtue de noir, toujours assise sur son tapis avec le portrait de sa fille. La mort intérieure émanait tout entière, la vengeance est froide, cadavérique même.

En Iran, la loi du Talion règne, le tueur atteignant ses 18ans y est soumis et vient l'heure du supplice. Le film s'ouvre sur un anniversaire glacial, celui de la responsabilité d'un criminel qui doit payer "oeil pour oeil, dents pour dents" ses actes. Il est adulte. Il va mourir. Ici, c'est la loi. Toute la question est de savoir si cette justice abrogée dans notre culture occidentale en vaut vraiment la peine. Si l'un deuil se fait par la vengeance. Si un deuil en vaut un autre. Si on répond à la mort par la mort. Si le seul acte pour compenser la perte d'un proche de son sang, est de détruire froidement celui qui a le sang de la victime sur les mains. Si, au final, ce n'est pas juste rajouter du sang, de la peine dans la famille du meurtrier, un bain de sang, un carnage cathartique. La soeur du meurtrier vient demander pardon au père de la victime, accompagné d'un ami codétenu du meurtrier. Mais l' endeuillé est contaminé de cette envie de tuer, car tout dans son regard est détruit, car il est vêtu de noir depuis deux ans. Peut-on traverser un deuil injuste? Peut-on pardonner l'otage de ce que l'on partage universellement de si précieux? Peut-on pardonner une perte précoce de vie? Peut-on trouver dans le pardon une forme d'attaraxie, de repos de l'âme? S'élève-t-on au divin en pardonnant, ou au contraire s'abaisse-t-on à l'humiliation? Dieu est-il miséricordieux ou vexé d'une justice qui ne sanctionne pas à égalité? Rendre l'appareil le plus également, à l'identique est-ce vraiment une justice? Remettre tout à un zéro ou une multiplication des peines? Qu'est-ce qui rendrait la chose équitable? Nos civilisation occidentales pensent à la privation de liberté. La prison, la fin de jouissance civiles. Ici la question reste en suspend et nous délivre une aventure tragique.