Les Enfants des autres par Swindgen

Voilà un sujet universel, très peu traité au cinéma ou alors de façon oblique, notamment dans les films de Claude Sautet, auquel on peut penser quand on aime les films de Claude Sautet, au travers de scènes, de champs-contrechamps et d'une certaine manière de suivre son héroïne principale, et plus précisément Romy Schneider. C'est aussi le cas pour la musique et son utilisation, surtout dans son premier tiers.

Il est clair que pour aborder ce registre et ce sujet très intime, la réalisatrice Rebecca Zlotowski s'est fortement inspirée de Claude Sautet (et probablement d'autres réalisateurs/trices que je connais moins). Serait-ce une raison pour négliger ce qu'elle nous propose ?

_ Suspense _

Non.

C"est un film maitrisé et réussi dans le récit de ce qu'il veut nous montrer.

Ce n'est pas aisé. Il faut le sens du rythme pour conduire sa narration sur un sujet traitant de la "vie de tous les jours", d'une réalité qui peut, certes, potentiellement toucher le plus grand nombre, mais au risque de sombrer à un moment ou l'autre dans le banal et l'épisodique, en perdant l'intérêt du spectateur. Ce n'est jamais le cas. Les sous-intrigues fonctionnent, avec suffisamment d'épaisseur, et trouvent toutes leur résolution sans fausse note. Je n'en évoquerai aucune, afin de laisser le plaisir sensible de leur découverte, même si le caractère élégiaque de cette solide partition repose essentiellement sur les épaules de son interprète principale, sans laquelle aucun des éléments précités ne produiraient la moitié de leur effet.

Virginie Efira est actuellement une actrice incroyable. Dans Madeleine Stowe, un rôle complexe et ambigüe, son interprétation planait aux même hauteurs troubles que celles qu'affectionne Isabelle Huppert, et voilà qu'elle nous livre une performance digne de Romy Schneider dans Une Histoire Simple! Et ce en demeurant elle-même. A vrai dire, j'allais au cinéma pour Revoir Paris mais la séance trop tardive pour mes horaires ce jour-là me fit reporter sur ce film sur la seule foi de sa présence. C'est elle qui m'a permis d'apprécier cette histoire jusque dans ses détails, tant est grande sa capacité à faire passer des émotions sur les difficultés de son personnage. Au final c'est d'elle dont je me souviens. Du très beau boulot.