Mes pensées, dans le désordre, que je jette en grappes :

Le film est séduisant, comme son couple d'acteurs - les scènes de nue charnelles mais dépourvues de ce poisseux male gaze.

Virgine Efira - dont on pourrait se lasser c'est vrai - éblouissante de fragilité, de lâcheté un peu, un vrai personnage de roman.

Le film m'a rappelé parfois, par son choix de personnage central et d'histoire, Julie en 12 chapitres de Joachim Trier. Le choix musical final - Les Eaux de Mars de Moustaki - y est pour beaucoup. Les deux fins se ressemblent d'ailleurs étrangement. Rebecca Zlotowski aurait-elle vu le film norvégien ? Ou simple coïncidence ? Une héroïne - plus vieille dans le cas du personnage de Rachel - en prise avec les impératifs de son époque, en quête de liberté et d'identité, dont l'horloge biologique cherche un rythme plus serein... Le film français est plus classique dans sa forme et sa narration - trop ? - là où Julie en 12 chapitres propose des trucs de cinéma - et des trucs de narration aussi - inouïs.

Le premier plan, le travelling sur cette façade de collège, est assez magistral. On a le vertige pour commencer puis on rentre dans la classe de Rachel et on ne la quittera plus du film.

Un film nocturne. Certes le soleil se couche tôt en hiver mais on a l'impression que tout se passe au crépuscule... les scènes en Camargue... pourtant des vacances dans le Sud. Celles dans l'appartement d'Ali... Et surtout les scènes au collège - la scène du conseil de classe semble sortie d'un rêve. Les profs font des heures sup ? Plutôt choix de troubler la temporalité, la luminosités des lampes artificielles donne un côté inquiétant, irrémédiable à la vie de Rachel. Les consultations chez le gynéco, elles, sont en pleine journée... Tout comme la scène finale où Rachel aperçoit son grand amour et son ancienne nouvelle vie - vous comprendrez en voyant le film.

Le rythme du film est troublant, langoureux et sinueux comme cette histoire d'amour compliquée. Quelques facilités avec les personnages - celui de Dylan pas assez dessiné, faisant office de Deus ex machina. Une fin ouverte - à nous de voir si on doit imaginer Rachel heureuse.

Des passages de comédie rares mais bienvenus... Le portrait de la communauté juive bien brossé mais trop anecdotique - j'aurais aimé une espèce d'univers à la Philip Roth mais féminin, du genre Le Complexe de Rachel, mais là, c'est peut-être un autre film...


SantiagoCuervo
7
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le 19 févr. 2023

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SantiagoCuervo

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