Je suis houellebecquien. J'avoue. Je ne fais pas une critique, je cherche plutôt à comprendre pourquoi le roman m'a déçu tout en me plaisant bien - desolé pour le paradoxe, bon je ne suis pas Bruno Lemaire non plus. J'ai lu que le roman banalisait l'extrême-droite. Peut-être. J'ai lu aussi que le roman manquait de structure. C'est vrai. C'est comme si Houellebecq avait voulu écrire plusieurs romans, qu'il n'avait pas réussi à décider quel sujet serait le plus fort, et "anéantir" serait une espèce de mot sésame qui relierait les différents aspects du livre. J'ai bon ? Il le dit dans sa note finale, l'écrivain doit faire ses recherches. Mais justement j'ai l'impression que Houellebecq juxtapose des sujets bien sentis et bien documentés - les Ephad, le terrorisme, la vie politique, Hanouna, la vie de couple - et peine à trouver la bonne colle entre eux. Dans le genre thriller technico-politique, 404 de Sabri Louatah tenait mieux la route. L'intrigue de Sérotonine était plus resserrée et percutante et il y avait de vrais personnages de littérature. Là je ne sais plus. Par exemple, les femmes sont des silhouettes maternelles - Cécile - ou des compagnes parfaites - Prudence - mais j'avoue que ça n'a jamais été le point fort de Houellebecq. Sa misogynie est presque touchante. C'est peut-être la dernière partie, la description de la maladie de Paul, qui sauve le roman. C'est glacial, éprouvant. Ceci dit les défauts de Houellebecq restent du Houellebecq et je suis preneur. Disons que c'est du Houellebecq au poids...