Le film Les évadés a été réalisé par Frank Darabont en 1994. Il est intéressant de voir à quel point cette année-là a été touchée par la grâce cinématographique avec de très nombreux chefs d'œuvres parmi lesquels il est possible de citer de manière non exhaustive Pulp Fiction, Forrest Gump ou encore Les évadés, le film objet de notre critique. Attention spoilers!!

Près de 30 ans après sa sortie, Les évadés trône en tête de la plupart des classements basés sur les meilleurs films de tous les temps, à commencer par le classement IMDb. Comment expliquer que, durant ce laps de temps, aucun film n'ait pu le dépasser alors que de grands réalisateurs tels que Tarantino, Scorsese ou Nolan sortent de nouveaux films de manière assez récurrente. Alors, chef d'œuvre ou film totalement surcoté? Cette critique va tenter de répondre à cette question.

Comment résumer cette œuvre sans spoiler l'intrigue et le dénouement? Chose difficile voire peut être impossible. Parce que, au final, voici peut être l'une des clés de la réussite de ce film. L'histoire est prenante et, surtout, le final est très surprenant. D'ailleurs, le mot surprenant est un euphémisme. Plus que surprenant, le final est splendide. En effet, l'intrigue accouche d'un plot twist final plutôt inattendu lors de la première visualisation du film. On n'est peut être pas à la hauteur d'un retournement comparable au Prestige de Nolan ou à Shutter Island de Scorsese mais il est tout de même à saluer.

Mais plus qu'un simple film reposant sur un twist final inattendu, la qualité du film repose également sur la qualité de ses acteurs. Bien entendu, on pense initialement à Tim Robbins (incarnant le personnage principal, Andy Dufresne) ou Morgan Freeman (le narrateur du film, Red, compagnon de détention de Andy). Mais, ce film, c'est également de magnifiques prestations d'acteurs dits "secondaires". On pourrait souligner la prestation du directeur de prison Samuel Norton incarné par Bob Gunton ou celle du capitaine Byron Hadley (par l'acteur Clancy Brown). Mais, si on devait mettre en avant un acteur et un personnage, ce serait avant tout celui de Brooks (interprété par le regretté James Whitmore). Comment ne pas être subjugué par une telle prestation? Brooks, c'est le personnage à qui tout le monde s'est attaché par sa bienveillance et sa gentillesse à l'égard des autres détenus. L'homme détenu depuis de nombreuses années au sein de la prison de Shawshank, devenu "institutionnalisé" aux dires de ses compagnons de par sa connaissance des eusses et coutumes carcérales et son incapacité à s'adapter à la vie en dehors de la prison, verra une triste fin, émouvante au possible, clôturer sa vie. Ne parvenant pas à s'habituer à la vie en dehors de la prison, Brooks préférera se suicider plutôt que de finir sa vie dans un lieu qu'il ne reconnait plus et auquel il ne se sent pas familier. Cette fin qui est un symbole de la vie carcérale pour les détenus de longue date sera magnifiquement résumée par Red en ces termes: "Ces murs [de la prison] ont un effet bizarre, au début on les déteste, ensuite on s’y habitue, et on finit par en avoir besoin, c’est ça être institutionnalisé". La prestation de James Whitmore aura permis avec une parfaite justesse et une grande réussite à mettre en avant la grandeur d'un personnage remarquable.

Alors, la réussite de ce film serait donc due à un excellent twist final et à une écriture parfaite de ses personnages incarnés par de brillants acteurs? Oui, mais ce n'est pas tout. Ce serait omettre un point très important. En effet, si ce film est brillant, c'est aussi parce que ses thèmes sont traités avec une franche réussite et avec beaucoup de talent par Frank Darabont.

Si on évoque ce film, quel est le premier mot qui vient en tête? Univers carcéral? Evasion? Rédemption? Oui, bien sûr mais si on ne devait garder qu'un seul thème, ce serait l'espoir. L'espoir, qui permettra à un homme innocent, condamné à tort pour un double assassinat qu'il n'a pas commis, à tenir pendant de très longues années dans un univers carcéral terriblement violent. L'espoir, qui guidera Andy Dufresne pour creuser un trou dans sa cellule afin de s'évader à l'aide d'un petit marteau taille-pierre. L'espoir, enfin, qui permettra à Andy de survivre pendant ces longues années de détention malgré les abus subis de la part de certains autres prisonniers mais aussi du directeur de la prison et du capitaine Hadley, gardien-chef de la prison.

Et c'est donc aussi grâce à la maîtrise de ces thèmes cruciaux que ce film est un chef d'œuvre. Au final, clôturons cette critique, qui, je l'espère, aura mis en valeur la beauté de ce film, par cette magnifique phrase de Andy Dufresne qui résume parfaitement cette œuvre: "L’espoir est une bonne chose, peut-être ce qu’il y a de mieux. Et les bonnes choses sont éternelles." Eternel, comme ce film?

xCiceron
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le 22 mars 2023

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