Pour "oublier" Rocky

Pour mettre un peu plus de distance entre lui et le personnage de Rocky, Stallone enchaîne 2 films en 1980 : les Faucons de la nuit et A nous la victoire où il n'est que simple acteur, mais le naturel revient au galop car il se murmure que malgré le fait qu'il ait accepté le scénario des Faucons de la nuit, il l'ait un peu retouché, puis qu'il aurait mis en scène la poursuite du métro car le réalisateur d'origine venait d'être viré par la production. Stallone donne alors sa chance à Bruce Malmuth, jeune réalisateur venu de la télé, mais la mésentente entre lui et Sly n'arrangera pas les choses.
Dans un premier temps, Sly joue ce flic spécialisé dans l'infiltration des petites bandes de voyous newyorkais puis placé avec son équipier dans une brigade antiterroriste, il prend le rôle à coeur et refuse de se faire doubler dans certaines scènes dangereuses, notamment la scène du téléphérique. Mais très vite, pour des raisons inexpliquées, Stallone renie ce film qu'il avouera avoir en horreur, et qui sera d'ailleurs un échec sur le sol américain. Sans doute a-t-il eu un différent sérieux avec le studio Universal qui a voulu faire de ce film une série B violente et banale, alors qu'au départ, c'était une analyse profonde sur le terrorisme international, un des premiers films sur le sujet qui en ce début d'années 80, sera relayé par des films comme le Soldat de James Glickenhaus, les Loups de haute mer d'Andrew McLaglen, ou Venin de Piers Haggard. A cela, se greffait un portrait détaillé d'une relation conjugale qui prendra l'eau à cause d'un job prenant et d'une relation amicale entre équipiers.
Etrangement, en France, le film sera défendu, je me souviens encore d'un bel article dans le numéro de Starfix spécial Stallone de 1985 qui n'hésitait pas à dire que c'était le meilleur film de la star. On a donc du mal à comprendre pourquoi Sly a longtemps renié ce film, ses raisons doivent être personnelles. Toujours est-il que l'intrigue sent un peu le déjà vu, les péripéties sont nombreuses mais peu excitantes, et l'ensemble semble peu inspiré. Reste le casting, avec une belle prestation d'un Stallone barbu, ainsi que celle de son partenaire Billy Dee Williams (qui sortait de L'Empire contre-attaque), auxquels se joignent Lindsay Wagner (ex-Super Jaimie), Persis Khambatta (qui venait d'être découverte dans le film Star Trek), et surtout Rutger Hauer pratiquement inconnu puisqu'il n'avait pas fait Blade Runner ni la Chair et le sang, 2 films qui le feront connaître du public international ; il campe ici un terroriste allemand complètement fou. Une chasse à l'homme plutôt violente qui constitue un polar un peu mou mais bien mené.