On touche peut-être à l’aboutissement du processus cinématographique de Jia Zhang-Ke à travers son dernier film et son projet constant de dessiner les bouleversements socio-économiques de la Chine à travers la banalité des trajectoires de ses habitants.
J’ai particulièrement aimé la séquence où des milliers de jeunes Chinois célèbrent l’attribution des Jeux olympiques de 2008 à leur pays : on sent à quel point c'est un moment où la Chine s’ouvre au monde, tandis que les individus, paradoxalement, vont se refermer sur eux-mêmes, se faisant avaler par l'histoire, dans une société qui change probablement beaucoup trop vite: une course contre la montre perdus d'avance. Les maisons de la culture ouvrière, censées émanciper le peuple, cèdent la place aux néons des métropoles futuristes. Et ayant eu la chance de me rendre en Chine récemment, j’ai rarement vu un film retranscrire aussi fidèlement cette atmosphère si particulière des soirées là-bas à travers la derrière et les retrouvailles, ces villes où l’on se sent minuscule, englouti par l'immensité.
Comme le disait Clouscard, sous le capitalisme; tout est permis mais rien n'est possible.