Cet énième relecture des Quatre Filles du docteur March est à considérer comme telle, c'est un film qui connaît le contexte de sa sortie et s'adresse très directement à celles et ceux qui connaissent cette histoire et cet univers. On ne "s'attarde" pas sur les jeux d'enfants, le développement de leurs talents et de leur sororité... L'enfance heureuse et inventive est un background qui a déjà été assombri par les enjeux de la vie de jeune adulte. Un angle renforcé par une narration en deux lignes temporelle dont l'une se concentre très clairement sur la fin du second roman de la saga de Louisa May Alcott.


L'adaptation oppose donc une évocation ultra-dynamique, et sous forme de vignettes-souvenirs, des grands faits de l'histoire de cette famille, et la période plus froide et introspective de la désillusion que chacune d'entre elles subit dans leur début de vie d'adulte dans un hiver où elles sont rappelées à la maison. C'est donc un film de jeunes femmes avant d'être un film de filles et de sœurs et c'est sans doute ce qui en fait son originalité.


Évidemment, et le choix d'une autrice actuelle comme Gerwig rend cela est évident, c'est le désir d'autonomie, les aspirations des femmes et leur épanouissement qui est le cœur de l'intrigue. Le mariage est une compromission, l'amour une illusion et la vie de femme une entrave à la création. La mise en abîme de la rédaction du roman par une Jo March totalement fondue dans Alcott (et sans doute dans Greta Gerwig) permet des audaces malignes comme d'ironiser sur la fin trop mièvre de l'histoire originale tout en la racontant quand même.


Le film a les défauts de ses qualités. A vouloir donner un angle sur une partie de l'histoire, on passe très vite sur certains personnages et points de l'intrigue et le dynamisme de la narration enlève nuit à son caractère tragique. Mais les aller-retours fluides, vivifiants et gracieux entre les lignes temporelles, la dynamisme des dialogues et des scènettes trop racontées ainsi que l'interprétation enthousiasmante de Saoirse Ronan en fait un moment agréable et intelligent qui réussit à donner un angle et un vrai intérêt à une adaptation dont on attend pas grand chose.

Mafelele
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le 18 déc. 2020

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Antoine Maf

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