Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.


Dans la boîte de Pandore où grouillent tous les maux de l’humanité,
les Grecs firent sortir l’espoir après tous les autres comme le plus
terrible de tous. Je ne connais pas de symbole plus émouvant. Car
l’espoir, au contraire de ce que l’on croit, équivaut à la
résignation. Et vivre, c’est ne pas se résigner



(A. Camus, L’Homme révolté, 1951)



L’Espoir fait vivre



(Tonton Jojo, Noël 1995-2019)


Alfonso, je t’en prie, réconcilie mon bon tonton Jojo à ce génie intemporel qu’est Camus !


Au début des Fils de l’Homme, on ne vit plus, on s’emploie à mourir et/ou à tuer. Les maux ont été déversés sur la Terre jusqu’au point fatidique où la vie elle-même n’est plus garantie. Les enfants ne naissent plus, et la postérité n’est plus symbolisée que par des bébés de 18 ans tout juste bons à être idolâtrés puis assassinés, comme les objets des passions les plus extrêmes.


Bébé Diego est mort. Mais à l’heure où le fascisme est devenu le seul système politique viable, et où les opposants s’embourbent dans des querelles de chapelles devenues affrontements mortels, l’espoir renaît dans le ventre d’une jeune réfugiée. Le plan séquence est l’artifice parfait pour nous trimballer dans le sillage de Theo, anti-héros figure de l’Homme révolté avant que résigné, mais vivant (coucou Camus), dans une quête pour que cet espoir embryonnaire finisse par faire vie… peut-être.
Cuaron signe un film brillant où la forme est au service du fond. Pour un tout haletant et subtil, d’une richesse incroyable. Le décor parle pour lui-même tandis que les « héros » taisent et subissent un monde qu’ils n’ont que trop compris.


Mais alors, l’espoir… Camus ou Tonton Jojo ?


Une interprétation du mythe de Pandore voudrait que s’il est le mal qui n’est pas sorti de la boîte, c’est que l’espoir, le vrai, n’a jamais encore été répandu sur Terre. Le dernier des maux, si méprisable qu’il soit pour Camus, n’est que la condition par laquelle une renaissance peut s’entrevoir. La vie trouve toujours un chemin, comme dirait l'autre.
Camus a écrit pour un monde en progrès, ou tous les combats pour l'avenir étaient encore à mener. Mais dans un monde sans futur, l'espoir rend les Hommes et leurs enfants meilleurs.

Michel_Vaillant
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Créée

le 4 mai 2020

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Michel_Vaillant

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