Que dire sur ce film, si ce n'est qu'il constitue à ce jour mon émotion cinématographique la plus forte !

De multiples raisons à cela, tout d'abord, aspect qui passe un peu inaperçu au début du film, le traitement de l'image sied parfaitement les enjeux de celui-ci. Non ce n'est pas un énième film d'anticipation filmé caméra à l'épaule et filtre de couleur terne à la manière d'un District 9, c'est, à mon sens, l'accomplissement de ce style récent de SF anticipatrice moderne, empruntant au documentaire son aspect authentique. Un aspect renforcé par un tour de maître du réalisateur : les plans-séquences parfois longs de plusieurs minutes et orchestrés d'une main de maître par le réalisateur, nous plongeant brutalement dans l'ambiance peu réjouissante de l'Angleterre de 2027 et dans les péripéties de ses personnages torturés.
Ce qui s'annonce au départ comme un film plutôt creux, ressassant de classiques clichés orwelliens se transforme au fil du film à mesure que Theo Faren, anti-héros au centre de l'histoire se rend compte de l'enjeu suscité par Kee, jeune fille dont la femme de Theo lui avait demandé de protéger, en un véritable chef d'oeuvre. Je ne dévoilerai pas l'intrigue principale, bien qu'elle soit très largement détaillé dans les différents synopsis disponibles autour du film.

Une véritable pression et maitrise du réalisateur se développe crescendo, alliant des dialogues très bien écrits et dégoulinants de réalisme, une maîtrise de l'image, illustrée par ces plans-séquences extrêmement riches ( trois d'entre eux dépassent les trois minutes, sans tomber dans la surcharge ou le démonstratif ) et la réussite d'une cohésion d'ensemble, et ce malgré un ton de couleurs assez réutilisé dans les films récents, le film dégage certes une atmosphère très moderne au niveau de son rendu mais bon dieu, si tout les films étaient aussi bien tournés je pense que j'arrêterai de pester sur ce cliché du film moderno-réalisto-critique de la société, qui commence à pulluler dans nos salles obscures.

Ce film est, à mon sens, un véritable coup de maître, réutilisant des codes rodés et efficace et alliant des techniques neuves, on y voit tout le potentiel des nouvelles technologies et de la performance des équipes techniques en donnant un aspect très riche au film, qui à mon sens ne tombe jamais dans la surcharge ou le fouillis. De nombreux aspects dans la seconde moitié du film développent un aspect mythologique, quasi-mystique; des plans larges dignes des plus grands tableaux classiques, empruntant beaucoup au thème religieux chrétien, très idéalisé, mais collant finalement très logiquement à toute la thématique du film.

Oui c'est de la SF d'anticipation orwellienne et le scénario, même s'il est très bien traité, n'est pas non plus transcendant.
Oui l'enveloppe visuelle du film n'apporte pas grand chose de nouveau.

Mais ce film est tellement riche, très intelligent, il dépeint une critique très virulente et non-cliché de la société tout en réussissant le tour de force de faire passer cette critique au second plan. Et rien que pour ça, parce qu'il incarne la réunion trop rare du meilleur de l'ancien et du neuf, je lui met un putain de 10 à ce film.
Julien_Feld
10
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le 21 août 2014

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Julien Feld

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