Poste Mortem

Bien qu'il n'était pas tout à fait destiné à l'être au départ, Les Fleurs de Sang ou Dark Night of the Scarecrow est un téléfilm qui sera diffusé à la télévision américaine un peu avant Halloween en 1980. Le film est réalisé par Frank De Felitta par ailleurs chouette scénariste a qui l'on doit les scripts de Audrey Rose et L'Emprise de Sydney J Furie. En tout cas du fait de son format télévisuel on pardonnera à cette petite production son manque d'ambition visuelle et surtout son approche pour le moins timoré de l'horreur.

Dark Night of the Scarecrow nous raconte l'histoire de Bubba , un adulte avec un QI d'enfant qui se retrouve accusé du meurtre d'une petite fille avec laquelle il jouait auparavant. Poussé par Otis le postier local de cette petite bourgade rural sudiste, un groupe d'hommes décide de traquer Bubba pour se faire justice. C'est après son exécution sommaire que sera finalement révélée l'innocence de Bubba, lequel va ensuite revenir d'entre les morts pour se venger.

Dark Night of the Scarecrow est un petit film carré et efficace dans lequel rien ne dépasse vers le meilleur ni ne déborde vers le pire, le film sans génie ni fioritures est juste et tout simplement moyen. Comme évoqué plus haut le film reste un peu engoncé dans le carcan de son format télévisuel de l'époque avec sa mise en scène posée et son absence cruelle et totale de violence graphique. Quant à l'histoire elle est rectiligne et sans surprises avec un cheminement classique de vigilante movie dans lequel vient se glisser toutefois un élément fantastique. Les événements s’enchaînent donc dans une mécanique imparable même si l'ensemble manque un peu de détours et surtout d'exposition des différents personnages. En tout cas le film nous rappelle à quel point la connerie humaine est abrasive et explosive dès l'instant qu'elle se met en quête de justice expéditive en s'en prenant à plus faible que soit, le tout motivé comme souvent par un chef de meute abreuvé de connerie et de haine ordinaire. Quant au fameux épouvantail du titre et qui est finalement relativement absent du film, c'est le déguisement et la cachette qu'avait choisi Bubba pour essayé d'échapper à ses poursuivants avant de se faire abattre comme un chien. Ce costume qui cache son occupant permettra donc ensuite de faire de cette vengeance un élément sujet à de nombreuses interprétations tant sur son origine que sur celui qui l’occupe, jusqu'à imaginer qu'il ne soit éventuellement que la matérialisation de la culpabilité des assassins de Bubba venant les tourmenter.

Si tout ceci est bien classique et timoré le film est tout de même porté par un chouette casting avec Larry Drake dans le rôle de Bubba, ce grand dadais naïf et bien innocent dans tous les sens du mot. Bien que peu présent à l'écran l'acteur nous offre un beau moment d'émotion lorsque son personnage est découvert et retrouvé par ses chasseurs. Derrière son masque d'épouvantail qui ne laisse voir que ses yeux, le comédien parvient à faire passer par un regard d'une intensité peu commune toute la peur, la détresse, la tristesse et l'incompréhension d'une bête traquée prête pour la mise à mort. L'autre acteur qui marque Dark Night of the Scarecrow de son empreinte c'est Charles Durning dans le rôle d' Otis, une magnifique ordure ordinaire, petit bonhomme insignifiant prétentieux et misérablement dangereux. Chef de meute poussant au crime, véritable salaud capable d'intimider une gamine ou de s'en prendre à une vieille dame, le personnage est une parfaite pourriture comme on adore détester en voir sur un écran.

Dark Night of the Scarecrow n'est bien sûr pas un grand film, mais pour son récit et ce qu'il dénonce, pour ses acteurs et la tenue correcte de l'ensemble il mérite largement sa petite moyenne.