Septième Art et demi
Voici encore un film qui remet en question la vision qu'on peut avoir de l'URSS pendant la Guerre froide : un état froid, justement, dans tous les sens du terme, cynique et fasciste. Il y a forcément du vrai là-dedans, mais la surprise est grande quand cette production italienne en collaboration avec Mosfilm - les grands producteurs russes depuis 1920 - nous montrent des scènes impressionnantes tournées par les Russes pour les Italiens, et dépeignant une guerre qui n'est en rien avantageuse pour l'image de la Russie à l'étranger puisqu'ils sont représentés comme les cruels ennemis bénéficiant du climat glacial ayant raison des soldats russes, et qui par ailleurs contribue au fait que le front russe est une alternative à la cour martiale.
Bref, rien de valorisant pour les slaves ici, pourtant ils constituent une assez petite partie du film. Peut-être ont-ils accepté de jouer le jeu sur la base des efforts herculéens mis par les Italiens sur le scénario ; l'histoire a la bougeotte, la caméra aussi, et des plans ailés vont voler outre-terre jusqu'aux steppes quand ils n'effectuent pas des travellings ahurissants autour de quelque camion de déménagement ou ne se contentent d'être le moteur de l'ascenseur émotionnel à travers le temps autant que l'espace. Cette dimension éminemment géographique participe au charme immense de l'œuvre au moins autant que le couple super efficace de Mastroianni et Loren, surtout quand le jeu de cette dernière s'épure de ses gesticulations hystériques habituelles.