Ça devait arriver un jour, c’était inévitable, après Bud Spencer /Terence Hill et Jackie Chan, il fallait que j’initie ma famille à un de mes autres amours de jeunesse : les films des Charlots. Je vous ai déjà expliqué mon amour pour ces bons bougres sur mes chroniques de Les Bidasses en Folie et Les Charlots font l’Espagne je vais donc vous éviter une nouvelle redite. J’y allais craintif, tant l’humour souvent complètement non sensique de leurs films pouvait laisser le spectateur sceptique, voire ébaubi devant tant de crétinerie à la seconde. C’est qu’il y avait quatre personnes à convaincre, ma femme et nos trois enfants. Du coup, je me suis équipé de ma meilleure arme, Les Fous du Stade, leur meilleur film, j’ai croisé les dents et serré les doigts, ou l’inverse, je ne savais plus, le stress m’envahissait, et j’ai lancé la galette. Et là, à la surprise générale, c’est le jackpot, le carton plein comme on dit chez les amateurs de lotos. Les larmes envahissent mes yeux et je me dis intérieurement : « c’est bon, la relève est assurée ».


Pour remettre le film dans son contexte, après Les Bidasses en Folie de Claude Zidi en 1971, le deuxième film des Charlots, et ses 7.5M d’entrées, il était logique que le duo Zidi / Charlots rempile. C’est donc l’année suivante, en 1972 qu’arrive Les Fous du Stade, et une fois de plus, le public se rue en masse dans les salles de cinéma. 5.7M d’entrées en France, beaucoup plus à travers le monde puisqu’il aurait totalisé plus de 50M d’entrées uniquement en Inde. Bref, tout ça pour vous dire que Les Charlots étaient au sommet de leur popularité cinématographique et les rois du box-office de l’époque. Mais revenons aux Fous du Stade dans lequel nos quatre comparses vont se retrouver à participer à des épreuves sportives internationales pour retrouver la petite amie de l’un d’eux qui s’est éprise des beaux yeux d’un sportif qui y participe. Il ne faut pas chercher plus loin que ça, le scénario est comme souvent avec eux relégué au second plan, il n’est plus qu’accessoire et on a plus l’impression d’assister à une succession de gags, à une succession de saynètes. Même chose pour les qualités cinématographiques de la bobine qui sont aux abonnés absents tant là n’est pas le principal. Car oui, en cette année 1972 où les Jeux Olympiques de Munich eurent droit à une attaque terroriste, Les Fous du Stade tombait à pic pour adoucir cette période un peu morose pour le sport. Oui, comme son titre l’indique, il va être ici question d’épreuves sportives, mais à la sauce des Charlots, c’est-à-dire avec une dérision qui leur est propre, un humour tantôt loufoque, tantôt burlesque, la plupart du temps absurde, mais toujours bon enfant. On a souvent l’impression d’être dans un cartoon live.


Nos Charlots sont toujours de bons gros tire-au-flanc dont le passe-temps favoris est d’en faire le moins possible. Chacun des 4 personnages retrouve les traits de caractères qu’ils ont développé au film précédent et qu’ils vont garder durant toute leur carrière. Gérard est un dragueur invétéré, le baratineur de la bande ; Jean est le rigolo de service, pas avare en mimiques improbables ; Phil est le maladroit de la bande, celui à qui il va toujours arriver des couilles ; Jean-Guy est le discret, celui qui parle peu mais qui a une force étonnante. Ils s’amusent plus qu’ils ne jouent, ne se prenant jamais au sérieux, profitant de ce succès pour encore plus faire les cons. Leurs personnages sont stupides, balancent des répliques stupides à des seconds rôles tout aussi stupides, et c’est pour ça qu’on se marre. Les seconds rôles sont d’ailleurs également bien pittoresques. On a droit à un Paul Préboist on fire, un Gérard Croce qui va en prendre plein la tête tout le long, un Jacques Seiler qui a du mal à se défaire de son rôle du sergent Bellec des Bidasses en Folie (et qu’il reprendra pour la suite en 1974), et des cameos du chanteur Antoine (les Charlots ont été ses musiciens par le passé), de l’accordéoniste Aimable et du présentateur télé phare de l’époque, Guy Lux. Alors oui, Les Fous du Stade est un film qui a vieilli, beaucoup vieilli, mais ça fonctionne toujours autant grâce à une avalanche de gags. Et le mot « avalanche » est faible. Il s’agit de leur film qui en contient le plus. C’est du rarement vu, à part peut-être dans certains Stephen Chow les plus fous. Le film accumule les gags comme jamais, le burlesque et le non sensique sont poussés à leur paroxysme. Ça n’a souvent aucun sens, c’est rarement crédible, mais qu’est-ce qu’on se marre. Et que dire de cette excellente bande son, bien ancrée dans son époque, composée par les Charlots eux-mêmes, et qui reste en tête longtemps, très longtemps.


Les Fous du Stade est sans conteste le meilleur film des Charlots. C’est un plaisir complètement régressif, façon madeleine de Proust, pour qui a grandi avec ces 4 délurés qui n’avaient pour but que de divertir les foules. Mission hautement réussie.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
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le 25 janv. 2022

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