De nos jours, le genre de la comédie en France se révèle rarement drôle et manque très souvent d'inventivité et d'audace. Le film « Les Garçons et Guillaume, à table ! », première réalisation de l'acteur Guillaume Gallienne (d'après sa propre pièce de théâtre), vient renverser cette tendance, et avec brio.
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs durant le dernier Festival de Cannes, où il triompha, ce premier film est un petit bijou d'humour et de tendresse et dans lequel Gallienne nous invite à nous plonger dans son univers, sa vie. Nous faisant le récit de la place qu'il occupe au sein d'une famille bourgeoise où il se sent plus fille que garçon et désireux de partir à la quête de cette autre sexualité, le film pose cette question intelligente du regard que l'on porte sur soi, et ce à travers celui des personnes qui nous sont proches. Ne portant jamais de jugement sur lui-même et ses personnages, le film se révèle être une très belle déclaration d'amour aux femmes, à toutes les femmes, et en particulier à sa propre mère.
Le rapport, parfois tendre, parfois tendu, entre Gallienne et sa mère, se trouve être le moteur principal du film, mais l'acteur-réalisateur traite tout cela avec une incroyable pudeur, sans jamais verser dans le voyeurisme gratuit ou donner au spectateur l'impression d'être pris en otage tout le long du film. Et le plus incroyable, c'est qu'il incarne ici sa propre mère avec une telle justesse (très observateur et méticuleux, il va jusqu'à la mimer dans les moindres détails : voix, gestes, regards,...), qu'on ne réalise pas une seconde qu'il s'agit du même acteur à l'écran, se donnant la réplique à lui-même. Le sociétaire de la Comédie-Française nous livre là sans conteste l'une des plus grandes compositions vues sur grand écran ces dernières années. Un hommage touchant à une mère, tendre et sévère à la fois, mais qui dans le cœur de Guillaume Gallienne, restera "la femme de sa vie".
Jonglant habilement entre humour et émotion, un film solaire sans jamais être lourd, autobiographique sans jamais être nombriliste (principal défaut du cinéma français quand il traite ce genre de sujets) et qui porte définitivement la marque de son auteur-interprète. L'un des hauts faits du cinéma français de ces derniers mois et assurément l'un de mes coups de cœur de cette année.

Raphoucinévore
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mon Top Ciné 2013

Créée

le 25 juil. 2015

Critique lue 194 fois

Raphoucinévore

Écrit par

Critique lue 194 fois

D'autres avis sur Les Garçons et Guillaume, à table !

Les Garçons et Guillaume, à table !
Sergent_Pepper
5

Splendeurs et misères du Cours Florent.

La comédie française n’est jamais aussi pertinente que lorsqu’elle cherche à assumer et explorer sa singularité sans vouloir imiter les autres. C’était la réussite de Quai d’Orsay il y a peu de...

le 23 nov. 2013

111 j'aime

12

Les Garçons et Guillaume, à table !
Apostille
9

Guill'âme à nu...

Guillaume Gallienne est un acteur que j'apprécie beaucoup. Sa sensibilité à fleur de peau et la justesse des courtes interprétations, masculines ou féminines, qu'il livrait dans sa rubrique sur Canal...

le 26 nov. 2013

65 j'aime

10

Les Garçons et Guillaume, à table !
Jambalaya
5

Gallienne, Le Huitième Passager

Allez savoir pourquoi, je m’étais mis en tête que ce film est une comédie, militante certes, mais bel et bien une comédie. J’avais même dis à ma chérie qui m’accompagnait dans ce périple : « Tu vas...

le 11 mars 2014

51 j'aime

13

Du même critique

Il reste encore demain
Raphoucinévore
8

La Difficile Vita

Premier film de l'actrice Paola Cortellesi (également personnage principal ici) et grand succès critique et public (récompensé par le Prix Spécial du Jury et le Prix du Public au Festival du Film de...

le 16 mars 2024

41 j'aime

House of the Dragon
Raphoucinévore
8

Le Trône du Pouvoir

"L'histoire ne se souvient pas du sang, elle se souvient des noms."Série préquelle de «Game of Thrones», se déroulant près de 2 siècles avant celle-ci et nous contant la chute progressive mais...

le 26 oct. 2022

35 j'aime

7

Le 15h17 pour Paris
Raphoucinévore
2

Un saut dans le vide...littéralement

Ça vous est déjà arrivé de vous retrouver devant un film et de vous questionner sans cesse sur ce que vous faisiez là, que vous vous étiez trompé de salle et que vous pourriez être ailleurs pour...

le 7 févr. 2018

29 j'aime

4