Figure incontournable de la seconde guerre mondiale et même du XXe siècle en général, Winston Churchill est pourtant un personnage peu récurrent au cinéma. Darkest Hour est donc une occasion rare de se pencher sur le destin de cet homme hors du commun, qui plus est à un des moments les plus sombres de l'Histoire contemporaine.
Le début du film pourra en surprendre certains. Le premier contact avec celui qui s'apprête à devenir premier ministre dépeint un personnage plutôt excentrique, alcoolique et fumeur notoire. Une approche qui peut sembler un peu caricaturale, on peine d'ailleurs à imaginer comment Churchill aurait pu accéder à une telle fonction, particulièrement dans un contexte si critique, et prendre les décisions qui s'imposaient, en buvant autant.
Plus généralement, le début du film opte pour un ton un brin décalé assez étonnant.
Néanmoins, plus le film avance, plus il prend corps. La narration permet de comprendre aisément les enjeux et la réalisation assez dynamique, traduit bien l'urgence de la situation. Quant aux "seconds couteaux", ils donnent bien le change à ce premier ministre imprévisible.
Que dire également, de la prestation de Gary Oldman, méconnaissable après 4 heures de maquillage quotidiens! Le résultat est esthétiquement bluffant, le talent de l'acteur fait le reste.
Joe Wright a, par ailleurs, eu la bonne idée de centrer son récit sur une échelle de temps finalement très restreinte. Trop souvent, les films historiques veulent aborder leur sujet de façon large, si bien qu'ils ont parfois tendance à perdre l'essence des événements, en en disant peu sur beaucoup de choses, alors que l'inverse est préférable.
Les Heures Sombres est donc un film assez passionnant, auquel certains pourront néanmoins reprocher quelques largesses, tant sur le personnage de Churchill, dont les traits de caractère semblent un peu exagérés on l'a dit, mais aussi sur les faits historiques, parfois largement romancés (dont la fameuse scène du métro, aussi réussie qu'elle n'est inventée de toute pièce). On pourra également regretter, peut-être, que les musiques ne soient pas plus marquantes.
Néanmoins, c'est aussi et surtout un film qui nous permet de mieux comprendre l'incommensurable responsabilité qui a pesé sur les épaules de Churchill. D'ailleurs, nombreux seront les spectateurs qui, à l'issue de la séance, se demanderont: "et moi, qu'aurais-je décidé à sa place?"
Avec Darkest Hour, Joe Wright nous relate donc une petite frange d'Histoire, tout à la fois dramatique et passionnante, qui s'avère être, par la même occasion, le complément idéal de Dunkerque sorti quelques mois plus tôt.
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