Voici un film qui réussit à embarquer par son rythme et par l’émotion qu’il dégage tout en s’appuyant sur un récit à l’issue sans surprise mais dont la narration est truffée de détails et de situations insolites ou cocasses tonifiant le propos. Resserrée sur moins d’un mois, l’action se situe entre les quelques jours qui précèdent la nomination de Churchill à la tête du gouvernement, le 10 mai 1940 - le même jour que le début de l’offensive allemande sur la France - et trouve sa conclusion dans le discours célébrissime « We shall fight on the beaches » du 4 juin. Durant cette trentaine de jours, le programme héroïque de Sir Winston est vendu aux citoyens britanniques et imposé aux élites politiques, non sans peine d’ailleurs (c’est le suspense du film) car des gens raisonnables, Chamberlain, Halifax et même George VI se rendent compte des risques de cette politique. Ces derniers sont balayés, le roi s’aligne. Pourtant, il faudra attendre 1943 pour que le jusqu’auboutisme du vieil homme commence à porter ses fruits. La lutte jusqu’à la victoire totale qu’il impose contre toute tentative de règlement pacifique marque définitivement la conduite de cette guerre. Quel talent de meneur et d’orateur fallut-il à cet homme pour entraîner le monde libre à abattre un régime belliqueux dirigé par un tyran végétarien et grand buveur d’eau !