Réalisé en 1987 , Les Incorruptibles est le meilleur film de Brian de Palma .
Ca me fait plaisir de dire ça car j'ai souvent été " fâché " avec ce cinéaste. Tous les cinéphiles le portaient aux nues , ce qui m'agaçait .
Pour moi , de Palma n'était qu'un opportuniste , un vulgaire plagiaire d'Hitchcock , un cinéaste " surestimé " . Sa filmographie est quand même très inégale, entre grand films ( Les incorruptibles, Outrages, L'Impasse ) bons films ( Mission : impossible, Furie ) nanars ( Body Double, Pulsions ) mauvais films ( Sisters ) et bouse infâme ( Mission To Mars, L'esprit de Cain ) .
La grande faiblesse de De Palma , outre son adoration excessive pour Hitchcock ( auquel il a chipé toutes les thématiques : le voyeurisme , le faux-semblant , la femme fatale ... ) , est le scénario. Il n'a jamais su s'entourer de bons scénaristes et n'a jamais pu transcender de bons scripts .
Sauf un : Les Incorruptibles .
Les détracteurs de De Palma diront que le film vaut surtout pour son casting . Pourtant malgré le choix de De Niro et Sean Connery ( qui n'avaient plus rien à prouver ) , Costner et Garcia n'étaient pas encore des vedettes . Ce film a permis de les révéler .
Appuyé par un script solide et efficace , De Palma nous offre une leçon de cinéma .
Grâce à une mise en scène élégante et une photographie soignée , le film de de Palma est aussi pur et limpide que du cristal . Chaque plan est ciselé , travaillé , soigné , un véritable boulot d'orfèvre et un momument de grâce . On a l'impression d'assister à un opéra baroque ( comme la scène de la gare , un peu pompé sur Eisenstein ... ).
Le cinéaste rend même hommage aux westerns épiques de John Ford lors d'une scène d'arrestation à cheval , devenu mythique . Il faut saluer la sublime partition d'Ennio Morriconne .
De Palma n'oublie pas de diriger ses acteurs , de manière fine et délicate . Tous sont excellents , à commencer par Costner , sobre , inspiré et Connery , impérial . De Niro nous offre aussi un grand numéro d'acteur , dont lui seul a le secret ( la scène de la batte ) .
De Palma ne peut s'empêcher par moment de faire son Hitchcok . La caméra explorant la façade de la maison de Connery rappelle Fenêtre sur cour , tandis que la scène du gangster qui saute dans le vide évoque Vertigo .
Les incorruptibles reste malgré tout un très grand film