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Stuart Rosenberg n’a pas réussi à faire une carrière aussi prestigieuse que prévu. Parmi les douze films qui séparent Luke la main froide du Pape de Greenwich village, pas de quoi faire bander plus que ça le cinéphile moyen qui s’intéresserait à ses deux décennies actives. Pourtant, faute d’une personnalité marquée, le bonhomme ne manque pas d’un certain métier aussi en tombant sur la jaquette de l’édition racoleuse des Indésirables, j’oublie l’affiche minable qui exhibe ses deux vedettes sans aucun sens esthétique, j’oublie la substitution du titre original au titre français pour de sombres motifs, j’oublie l’idée saugrenue qui essaie de nous faire passer ce film pour un western et j’oublie surtout l’accroche mensongère centrée sur Terrence Malick qui a un petit peu participé au scénario juste avant de débuter sa carrière de cinéaste…

Parce que moi un Stuart Rosenberg qui envoie Paul Newman et Lee Marvin convoyer un troupeau de bestiaux en plein Mexique étrangement, ça me parle, j’arrive presque à faire abstraction du reste…

Comme souvent, Paul Newman se réserve un rôle gentiment demeuré qui va passer le film à se tromper au lieu d’écouter ce bon Lee qui a au moins le mérite d’être affranchi même si ça ne l’empêche aucunement d’être tout aussi loser que son petit camarade… Après c'est dommage tout de même que tout en étant le moins inintéressant du film, Lee Marvin se tape quand même un personnage à moitié inutile, on connait le goût du réalisateur pour les duos virils, mais faudrait songer à travailler un peu leur écriture...

Jonglant entre la mule, le cheval de rodéo, le pick-up, le train, la balade des deux paumés se poursuit entre les réticences autochtones et les entourloupes du commanditaire, on pardonne beaucoup de maladresse pour quelques moments de grâce, Marvin qui fait une démonstration de séduction en douze secondes, le petit côté road-movie qui surnage, la mélancolie qui fleure ici et là…

Presque raté, justement oublié, gentiment mineur, le film garde je ne sais pourquoi une trace de charme que son édition actuelle cache pourtant avec une obstination parfaitement incompréhensible.
Torpenn
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le 2 oct. 2013

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Torpenn

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