"Et Me too c'est pour les chiens ?" demande un personnage du film lorsqu'une jeune aspirante actrice se dit prête à coucher avec un réalisateur pour avoir un rôle.

On peut en effet se poser la question à la vue de ce film.

Précisons d'emblée que la "communauté" dont nous parle Arte dans son synopsis est la version chic d'un hôtel de passe. Nulle condamnation morale, mais enfin, autant appeler les choses par leur nom, c'est plus honnête (et c'est ce qui fait défaut ici).

Dans un hôtel de passe version Paris beaux-quartiers, donc, au moment du confinement (ah, les histoires de confinement...) des hommes paient des filles et un gars (évidemment beaucoup plus jeunes) pour baiser.

Vous me direz que ce point de départ qu'on ne peut manquer de trouver un peu périlleux - la sympathie des réalisateurs pour les relations tarifées ici dépeintes sous des couleurs absurdement romantiques ne fait aucun doute, cf. le titre - pourrait malgré tout produire un très beau film. Malheureusement, ce dernier ne s'élève jamais au-dessus du fantasme tout caractéristique d'une masculinité vieillissante des plus banales qui est à son principe.

Dommage, j'aime bien Jean-Marc Barr. D'ailleurs, le fait qu'il se décrive comme un "vieux beau" par le truchement d'un personnage de son propre film en constitue la seule lueur de dérision et d'authenticité, ce qui suggère que cet opus n'est peut-être qu'un accident qu'on lui pardonnera.

Seul intérêt : la direction d'acteurs des plus flottantes ménage quelques moments de grand comique involontaire. Quelques grandes répliques (citées de mémoire) : "Avant, je me faisais chier à bosser dans une épicerie bio, maintenant je me fais beaucoup plus de thunes" ; "Debout, il est 7 heures, Monsieur le Ministre !" ; "Tu es escort ? J'ai toujours rêvé de savoir ce que ça fait d'être escort". Respect aux acteurs qui ont fait ce qu'ils pouvaient.

Glueklicher
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le 7 janv. 2024

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