Dans Les Infiltrés, Martin Scorsese nous assomme avec un remake pompeux d'un monument du cinéma asiatique. Pas que le film soit mauvais en soi, il est d'ailleurs assez bon, mais c'est face au film original qu'il fait pâle figure.
Tout d'abord, si certains ajouts à l'original sont bienvenus et même très intéressants, comme la création d'une relation père-fils entre le chef de la mafia et sa taupe, d'autres sont absolument sidérant de bêtise, notamment un triangle amoureux dispensable et un flic caricatural qui nous dispensera d'une fin bien Hollywoodienne.
Vu qu'ici on est aux States, il faut aussi faire un film bien moins sobre, avec beaucoup plus de sexe inutile et gratuit, mais aussi avec un Jack Nicholson qui nous assomme avec son rôle classique de fou dangereux. Certes, l'acteur est absolument fantastique dans son rôle, mais on regrettera cependant Eric Tsang dans un rôle bien moins caricatural. Sa taupe, jouée par Matt Damon, est absolument inintéressante et très mal écrite, là où celle du film hong kongais était seulement unidimensionnelle.
Le développement des personnages secondaires mafieux, une des grandes forces de l'original, est ici bâclé, et ces personnages ne sont ici que des silhouettes servant à Scorsese pour mal repomper des scènes excellentes dans l'original. Ainsi, l'ambiance de ce gang est bien moins tangible et les personnages bien moins attachants.
La musique est très bonne, évoquant la musique irlandaise (l'action se passant dans les milieux issus de l'immigration irlandaise).
La mise en scène, de Scorsese, est elle aussi très bonne et très dynamique, insufflant mettant en valeur l'action dans le récit, mise en valeur passant aussi par le jeu, excellent, des acteurs.
Bref, un film très bon en lui-même, mais cependant faible par rapport à son modèle, mais que vous prendrez surement du plaisir à voir si vous êtes fan des films de gangsters.