Les Innocents
7.8
Les Innocents

Film de Jack Clayton (1961)

Les Innocents pose, en 1961 (un an après Psychose) beaucoup de bases du film d'épouvante. Une ambiance mystérieuse, des faits incertains, des scènes dans le noir avec une personnage qui avance doucement à la lumière de la chandelle et le plancher qui grince. D'une manière générale, l'effet est très réussi (je me suis vraiment fait surprendre), et l'ambiance morbide donne vraiment une couleur particulière au film.


Pourtant je suis mitigé... Beaucoup de choses sont simplifiées, pour ne pas dire négligées dans ce film. Pour commencer, les acteurs sont peu convaincants, et sans même parler des enfants, c'est l'actrice principale qui m'a semblé fausse. Mais tout cela n'est peut-être pas tant la faute des acteurs que celle des personnages, de la façon dont ils sont écrits. Mme Grose, par exemple, a parfois des réactions... Illogiques. Lorsqu'on lui dit que les enfants sont possédés, elle répond : "mais que va-t-on faire ?", là où n'importe qui réfléchirait un tant soit peu aux faits.


De même, l'actrice principale fait preuve d'une extraordinaire perspicacité, elle arrive tout de même à comprendre, par la simple présence d'un homme à l'extérieur, que les enfants sont possédés, et tout le long du film elle est absolument sûre de ce qu'elle avance. Bien sûr, tout cela pose une ambiance, et aurait pu permettre une seconde lecture : on aurait pu s'imaginer que Mlle Giddens perdait la tête, si la fin ne nous l'infirmait pas.


Esthétiquement, le film réussi quelques plans inhabituels durant les scènes d'épouvante, mais le reste du temps, tout n'est pas convaincant. Je pense notamment aux rêves, qui sont simplement des superpositions de plans, là où certains films plus anciens, comme Sueurs Froides, cherchait des choses nouvelles, et surtout plus immersives.


Les Innocents manque malheureusement de subtilité, de second degré, et cherche peut-être trop à prendre son spectateur par la main. C'est dommage, car ce système de dualité appuyé par une ambiance sinistre et malsaine avait beaucoup de potentiel. Et le film vaut quand même la peine d'être vu, les défauts ne sont pas majoritaires.


Je pense qu'il mériterait tout de même un remake. Le film a bientôt 60 ans, l'image et les interprétations ont vieilli. Mais en y repensant, le très bon Les Autres d'Alejandro Amenábar est infusé de Les Innocents, surtout par son atmosphère, et s'il n'est pas un remake, s'inscrit tout de même dans une continuité de ce genre épouvante/fantastique.

Monsieur_Cintre
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les plus belles affiches de films

Créée

le 1 déc. 2018

Critique lue 618 fois

3 j'aime

Monsieur_Cintre

Écrit par

Critique lue 618 fois

3

D'autres avis sur Les Innocents

Les Innocents
New_Born
8

"We Lay my Love and I Beneath the Weeping Willow. But now Alone I lie and Weep Beside the Tree."

Les manoirs isolés d'une nuit profonde ont souvent été à l’origine de nombreuses peurs développées dès le plus jeune âge. Le cliché d’une personne marchant dans un long couloir étroit, tenant un...

le 18 avr. 2013

42 j'aime

1

Les Innocents
NickCortex
10

Madame et ses fantômes

Ça fait un moment que je songeais à parler de ce film. Les mots peinaient et peinent encore à sortir d'ailleurs. J'aime beaucoup les films d'horreur à ambiance en général, et je pense sincèrement que...

le 20 déc. 2017

39 j'aime

6

Les Innocents
Matrick82
8

C'est grand la campagne...

Petite perle Noir et blanc du cinéma fantastique Britton, "Les Innocents" nous racontent l'histoire d'une gouvernante qui aurait croulé sous une avalanche de prescriptions pour anxiolytiques si elle...

le 10 mai 2015

29 j'aime

21

Du même critique

Les Aventuriers de l'arche perdue
Monsieur_Cintre
5

Archéologue : un métier badass

Je trouve que Spielberg a un sens tout particulièrement affûté lorsqu'il est question de rythmer ses films. Il rend la narration très simple, si bien qu'à chaque moment du film, nous savons à peu...

le 1 oct. 2018

19 j'aime

7

The Big Lebowski
Monsieur_Cintre
10

Tout commença par une souillure de tapis...

En 1998, les frères Coen ont déjà maintes fois affirmé leur style à la fois étrange, absurde, dramatique, noir et comique. Un savant mélange qui, deux ans après la réussite de Fargo, donnera...

le 26 avr. 2020

19 j'aime

3

Mon nom est Personne
Monsieur_Cintre
7

Le chemin vers la reconnaissance

Mon Nom est Personne est à la fois un western spaghetti et un hommage au genre. Il s'agirait à l'origine d'un projet de Leone - le roi des spaghettis - qui en est le producteur, et qui souhaite...

le 5 sept. 2020

17 j'aime

10