Oui alors c'est très curieux. Les Liaisons Dangereuses est ce qui se fait de mieux dans le mélo Hollywoodien, nous offrant un bon casting, des costumes et des décors somptueux et de belles idées de mise en scène par Stephen Frears. Et je le remate encore pour toutes ces raisons. Toutefois, je n'ai plus seize ans, je ne me laisse plus embobiner par les beaux discours et les effets stylistiques chargés.
Alors, pourquoi je fais ma chieuse ? Mon éternelle insatisfaite ?
Ben parce que ce film est un peu un mauvais coucheur passé la perte de virginité d'un cinéphile.
On voit tout ses défauts. Je l'aime et je le déteste pour les raisons qui m'ont poussé à lui céder.
Le récit est bien mené, et on peut apprécier le film conducteur (ici les lettres, car adaptés d'un roman avant tout épistolaire). Il y a de belles scènes picturales ( intérieur et extérieur), qui rappelle des peintures de Fragonnard, et les joutes verbales entre Valmont/Merteuil et Valmont/De Tourvel massent divinement les oreilles. Frears et son scénariste ne se sont pas fichus de nous. Ils ont vraiment fait au mieux. Un peu comme un mec pas terrible au lit qui s'occupe bien de toi. Faut pas le rembarrer.
En dépit du casting intéressant, la seule qui s'en sort à merveille est l'actrice hollywoodienne Michelle Pfeiffer. Sans doute parce qu'elle écope d'un rôle ingrat, celui de Madame de Tourvel, et qu'elle sait bouleverser sans être mièvre. Si j'étais Youtubeuse, je vous aurais volontiers montré le passage d'Ombre Mai Fu, où l'échange de regard avec Valmont, couvert par la jalousie naissante de Merteuil y est magnifique. Pfeiffer -qui se fait mal embrassée par Malkovitch- manifeste une riche palette d'émotions (méfiance, jalousie, colère, timidité) avec nuance. La nuance, justement, c'est bien ce qui la sépare du couple de libertins diaboliques, Glenn Close et Malkovitch. Ceux-ci cabotinant à mort, affichent un peu trop ouvertement que ce sont des enflures machiavéliques. L'évidence est telle qu'il faut abêtir considérablement la mère et la fille De Volanges (Swoosie Kurz et Uma Thurman) afin de mieux les rouler. Quant à Uma Thurman, la pauvre a l'air si stupide en jeune ingénue vicelarde qui "doit se taper trois monsieurs à la fois", que certains passages du film en deviennent puérils et vulgaires. Vulgaire, comme la musique pompière de Fenton qui m'a toujours fichu une angoisse (la musique d'ouverture avec la lettre qui s'ouvre) en plus de tomber dans la mièvrerie.
Pour les amoureux du roman de Choderlos de Laclos, la version de Vadim et de Forman est plus de bon ton.
Après Les Liaisons Dangereuses de Frears se regarde sans déplaisir, avec quelques répliques marrantes.
Et femme qui rit, dit : "Assez, monsieur, assez"...