• Faites-moi le plaisir de laisser ces enfants tranquilles. Rentrez. Compris ?

  • Mollo, mollo, mollo. Soyez poli. Ça m'apprendra à rendre service.

  • Vous savez pourquoi il est ici ce gosse que vous avez voulu corriger ?

  • 20 contre 1 que vous allez me le dire.

  • Il a failli tuer son père avec un couteau de cuisine.

  • Ouuuuuuuh! C'est pas délicat.

  • Tous les soirs son père le battait avec son frère pour un oui ou un non. Tous les soirs. Alors les coups croyez-moi c'est pas la bonne méthode !

  • Je sens que vous allez me faire pleurer.

  • Ça m'étonnerait. Aussi je vais vous demander, vous et vos camarades de ne pas vous éterniser ici. C'est clair ?




Jeunesses rebelles



Les Loups dans la bergerie est une œuvre française méconnue sortie en 1960 écrit et réalisé par Hervé Bromberger (Seul dans Paris, Identité judiciaire...) et d'après le roman de Jean Amila. L'histoire commence avec trois individus en panne de voiture qui frappent à la porte d'une vaste demeure en pierre perdue dans les Alpilles afin de se faire dépanner. Une résidence s'avérant être un centre de rééducation pour adolescents inadaptés dirigés par Roger (Jean-Marc Bory) et Irène (Pascale Roberts), qui accepte d'accueillir le temps de dépanner la voiture des individus qui ne sont autres que trois gangsters évadés de prison. Commence alors une prise d'otages où les criminels vont avoir dur à faire contre des adolescents délinquants.


Avec son récit classique mais efficace, le cinéaste pose un contraste intéressant où des gangsters qui pensaient avoir trouvé la planque idéale se retrouvent à devoir affronter une trentaine d'adolescents pas commodes du tout. Cela forme un polar réussi possédant une identité propre, faisant preuve de violence et de dureté sans partir dans la surenchère. Une partie de réalisme est gardée tout du long afin de conserver suffisamment de crédibilité pour s'inquiéter des personnages. Le rythme est dans un premier temps un peu lent afin de mieux pouvoir travailler les divers protagonistes, jusqu'à ce qu'il bascule dans la confrontation qui s'enchaîne un peu trop vite à mon goût.


Techniquement c'est très bon. Visuellement avec son format noir et blanc le film ne se prive pas de superbe cadrage des Alpilles. L'utilisation des bruitages possède une place importante, plus que la musique elle-même, avec ses sonorités d'extérieurs de la campagne captant le bruit du vent, des insectes... conférant une atmosphère d'isolement et de solitude. La musique est de Serge Gainsbourg qui propose une partition de jazz noir efficace. La mise en scène se permet des instants de gloire, comme avec la scène de la poursuite, où un des gangsters (Pierre Mondy) poursuit en voiture un des ados à pied, le menaçant de l'écraser dans une longue et fatidique remontée du chemin jusqu'à la bergerie. De même pour la confrontation contre Jean-François Poron qui se retrouve prit en chasse par une dizaine d'ado.


Les différentes prestations sont convaincantes pour une distribution surprenante comme avec l'une des rares incursions devant la caméra d'un film du danseur-chorégraphe Jean Babilée dans le rôle du chef des gangsters. Pierre Mondy incarne un mafieux raciste et dépassé par cette jeunesse qu'il considère comme des vauriens devant avoir du respect pour leurs ainés. Jean-François Poron en gangster instable et névrosé est top, il est le plus intéressant des trois. Les deux rééducateurs incarnés par Jean-Marc Bory et Pascale Roberts sans être mauvais font le minimum. Néanmoins un grand bravo pour tous les adolescents que je ne citerais pas car trop nombreux, mais qui apportent une véritable dureté au récit. Car c'est bien là que se trouve la nuance de l'histoire, les gamins se trouvent être pire que les mafieux, non pas par choix, mais par une vie de maltraitance les ayant en amonts déjà préparés aux pires. À noter tout de même la première apparition à l'écran de Françoise Dorléac et la poitrine à l'air s'il vous plaît.


CONCLUSION :


Les Loups dans la bergerie est un polar français rarement exploité dans ce sens hormis avec Total Western d'Éric Rochant fortement inspiré de ce long-métrage. L'oeuvre d'Hervé Bromberger a le mérite de proposer une expérience intéressante et généreuse, certes imparfaite, mais totalement sans filtre.


Du cinéma français rare à voir et revoir !




  • Ça va mieux ?

  • Qu'est ce que ça peut vous faire ? J'oubliais qu'ici, c'est coeur sur la main et compagnie.

  • Ça vous déplaît.

  • Oui j'aime pas ça. J'aime pas les gens qui ont le cœur sur la main, c'est pas sa place. On peut faire la charité et être pour la peine de mort. C'est ça, le cœur sur la main. Un truc de bonne sœur, pas un truc d'homme.

  • Parce que vous croyez être un homme ? Vous n'êtes qu'un gosse.

  • On m'a déjà fait le coup des culottes courtes. En prison, les aumoniers, " mon petit ", " mon enfant "... Au tribunal, les avocats. Sans parler des psychiatres. Alors votre chanson, je la connais. Un bonnet d'âne et 2 ans de prison. Passez la main.


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le 7 janv. 2020

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