LES MÉTÉORITES (13,4) (Romain Laguna, FRA, 2018, 85min) :


Les Météorites traverse lumineusement le paysage du cinéma français, en nous offrant cet attachant portrait d'une jeune adolescente en quête d'aventure, au milieu d'une petite bourgade de l'Hérault en plein cœur de l'été.


Diplômé de la réputée école de la FÉMIS en 2013, puis auteur de trois courts-métrages, Romain Laguna opte pour son premier long métrage sur une chronique d'émancipation d'une jeune fille tourné dans sa région natale. Le sujet n'est pas forcément originale mais le réalisateur capte avec sincérité la jeunesse désabusée qui rêve de s'affranchir d'une morne existence. Dès le premier plan le cinéaste invite à l'aventure avec l'image d'un immense pont couleur soleil suspendu, et une jeune fille qui court pieds nus de dos et rage d'avoir loupé son bus. En quelques gestes le spectateur fait d'emblée connaissance avec le caractère effronté et teigneux de Nina, jeune fille de 16 ans. Elle vit avec sa mère peu présente, travaille comme job d'été dans un parc d'attractions préhistorique composé de dinosaures rugissants en plastique. Un quotidien somme toute ennuyeux avant que Nina assiste au passage d'une météorite au-dessus des superbes montagnes de l'Occitanie venue s'écraser non loin du village. Nina vit ce spectacle naturel comme le symbole d'une nouvelle vie...Peu après, elle rencontre Mourad un jeune bad boy séduisant, frère de sa collègue Djamila, le signe fort est là, assez pour s'éprendre de ce "je"...


Le réalisateur dépeint ce récit initiatique amoureux, d'éveil à la sexualité et de quête existentielle par le biais d'une mise en scène au plus près de sa jeune ingénue, la caméra captant son destin de façon sensoriel dont le format 4:3 renforce la proximité. Un choix du cadre audacieux pour mieux dépeindre de façon naturaliste un portrait d'une jeunesse tourmentée bien de son époque (rap, fringues, mélange de racines culturelles, adultes quasiment absents) mais qui a du mal à se projeter dans l'avenir. Le cinéaste utilise également des éléments sonores et géographiques pour renforcer l'aspect organique du film en mêlant aussi les codes du cinéma fantastique avec de judicieuses séquences oniriques faisant écho avec l'aspect symbolique de la météorite... Le mélange de tons ainsi qu'un casting composé d'acteurs non professionnels donnent une touche de fraîcheur et d'authenticité particulières et nous révèle au grand jour l'irradiante Zoé Duprez, jeune actrice charismatique, à la fois roc d'intensité et lumineuse de détermination dont son incarnation minérale devrait lui ouvrir d'autres rôles. Une jeune héroïne qui n'est pas sans nous rappeler l'épatante Noée Abita dans Ava (2017) de Léa Mysius et l'émouvante Sandrine Bonnaire dans le chef-d'œuvre À nos amours (1983) de Maurice Pialat.


Venez accompagner avec tendresse, sous la chaleur de l'été, le parcours d'éveils et les émois de Nina face à la "brutalité" masculine notamment. Les Météorites véritable roman d'apprentissage cinématographique s'avère être un modeste et réussi premier film prometteur. Sauvage. Poétique. Attachant.

seb2046
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le 9 mai 2019

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