Dans une adaptation de comédie musicale, je me dis qu'on est en droit d'attendre quelque chose de plus que ce que l'on peut voir sur scène.
Au cinéma, les réalisateurs peuvent (doivent ?) travailler différemment des metteurs en scène de théâtre, surprendre au niveau des décors, de l'environnement, des effets spéciaux, de la photographie.
Hélas, sur ces points, j'avoue avoir été un peu déçue par ces Misérables. Les décors m'ont souvent fait penser à du carton-pâte, la synthèse utilisée était loin d'être époustouflante, les costumes n'en parlons pas (ils ne méritaient vraiment pas l'oscar, selon moi)... Les plongées dans la capitale sont répétées et n'apportent pas grand chose, la lumière bien trop contrastée, les couleurs trop exacerbées, l'environnement bien trop propret pour être réaliste.
Si on met de côté tout cela, et qu'on se concentre sur la prestation des acteurs, Les Misérables sont fantastiques. De longs plans-séquence nous permettent de mesurer leur talent (pour la majorité, ce ne sont pas des chanteurs de métier); ils interprètent et jouent à la perfection et ce, sans interruption. Anne Hathaway est éblouissante en Fantine, son "I Dreamed a Dream" nous prend littéralement aux tripes, et on regrette presque de ne pas la voir plus à l'écran. Samantha Barks (Eponine) et Daniel Huttlestone (Gavroche) passent quant à eux de la scène à la caméra avec brio (ils interprètent les mêmes rôles au théâtre).
De mon point de vue, des Misérables en demi-teinte donc, qui méritent néanmoins qu'on se déplace dans les salles obscures. Ça donne surtout envie de découvrir la comédie musicale sur scène (à mon avis beaucoup plus épatante que ne l'est cette adaptation).